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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Pourquoi il faut en finir avec l'expression "racisme anti-Blancs"

24 Septembre 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #"Racisme anti-blanc"

Qu'est-ce que sous-entend en réalité l'expression “racisme anti-Blancs” ? L'essayiste et journaliste Rokhaya Diallo décrypte cette (fausse) idée, et avance quelques pistes de réflexion.

"Racisme anti-Blancs." D'un point de vue sociologique, l'expression apparaît comme une fiction, une aberration. Pourtant, sa récupération politique n'a rien de virtuel. Et pour cause. Depuis quelques jours, l'ancien joueur de football Lilian Thuram est accusé d'alimenter un supposé "racisme anti-Blancs".

La raison ? Dans une interview parue le 4 septembre dernier dans le journal italien le Corriere dello Sport, il a répondu à une question sur les insultes racistes visant les joueurs noirs dans les stades.

 

"Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste, mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être", a-t-il dit. Et c'est l'expression "les Blancs", qui n'est visiblement pas passée pour beaucoup. A tel point que la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra) s'est fendue d'un communiqué pour dénoncer les "risques d’une dérive du combat antiraciste".

Dans la foulée, rebondissant à la polémique autour de Lilian Thuram, le consultant Pierre Ménès s'est attiré de nombreuses critiques après avoir déclaré sur le plateau de CNews que "le vrai problème, en France, dans le foot en tout cas, c’est le racisme anti-Blanc.” Et ce en arguant même que son fils, "nul au foot", en a été victime dans son club. Avant de s'en excuser. Trop tard : comme le souligne l'Obs, Pierre Ménès avait déjà été érigé en héros, malgré lui, de la fachosphère. La journaliste et essayiste Rokhaya Diallo, qui publiera le 2 octobre La France tu l'aimes ou tu la fermes (éd. Textuel), décrypte pour nous ce qui se joue derrière l'expression "racisme anti-Blancs".

Lilian Thuram est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours, accusé de faire du “racisme anti-Blancs”, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Rokhaya Diallo - J’ai créé mon association anti-raciste en 2006, et avec toutes les questions sur lesquelles j’ai travaillé, j’ai l’impression que de nombreuses personnes sont davantage mobilisées pour dénoncer un supposé racisme anti-Blancs que pour agir contre le racisme, qui produit des effets quotidiens. C’est vraiment ce qui me choque le plus : cette disproportion entre l'indifférence par rapport à ce que subissent les personnes minoritaires au quotidien, et la solidarité qui s’est formée pour dénoncer Lilian Thuram.

Traiter quelqu’un de "sale blanc" ou de "sale noir", est-ce vraiment la même chose ?

Ce n’est pas la même chose, parce que cela ne fait pas appel au même imaginaire. Ce n’est pas la même chose de se moquer du premier de la classe que du dernier. Si on dit à quelqu'un "sale premier de la classe", ce n’est pas la même chose que de traiter quelqu’un de "sale cancre". Le dommage psychologique n’est pas le même. Le premier de la classe, quoi qu'il arrive, est le premier.

N’est-ce pas ici significatif de l’impossibilité de penser le racisme comme un tout, un système ?

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