Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Quand des Juifs faisaient l’éloge de Mussolini et soutenaient les Nazis : rencontre avec les premiers fascistes israéliens (Dan Tamir, Haaretz)

1 Août 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme, #Extrême-droite

Certaines composantes inquiétantes du fascisme hébreu se manifestent toujours dans la droite israélienne, 80 ans après.

« Le fascisme n’est pas un produit d’exportation. »
Benito Mussolini, 1925

C’est avec un mélange de répulsion et d’étrange fascination que beaucoup de gens ont réagi, lors de la dernière campagne électorale israélienne, au spot dans lequel on voit la ministre israélienne de la Justice utiliser un flacon de parfum imaginaire portant une étiquette littéralement idéologique. Idée géniale et message évident : ce que ses adversaires sentaient, ce n’était pas le « fascisme » mais une bonne gestion et un gouvernement solide. Le clip vidéo, comme nous le savons, n’a pas sauvé la campagne de Ayelet Shaked : le parti de celle-ci, Hayamin Hehadash [1] n’a pas franchi le seuil électoral [2] Toutefois, cette communication a soulevé un certain nombre de questions d’intérêt à la fois historique et actuel : quelle est l’« odeur » du fascisme ? Peut-elle être « sentie » en un rien de temps ? Y a-t-il déjà eu du fascisme en Israël, et si oui, est-il sur le chemin du retour ?

Parmi la gauche communiste, il y a une tendance générale à voir du fascisme dans toute manifestation du nationalisme, ou au moins à considérer le fascisme comme une forme extrême du capitalisme moderne. Dans les milieux de droite, au contraire, le fascisme est une malédiction qui doit être éludée, une sorte de soupçon tenace qui doit être rejeté – tel que l’illustre le clip très commenté du parfum.

Mais qu’est-ce que le fascisme ? Qu’est-ce qui le distingue des autres courants politiques de droite ? En 2004, Robert Paxton, dans son livre « L’Anatomie du Fascisme » [NDT : traduit en hébreu], a dressé une liste de sept caractéristiques qui, conjointement, pourraient définir la nature du fascisme en tant qu’idéologie et pratique politique : la certitude de la suprématie du groupe – national, ethnique – sur tout droit de la personne et la subordination de la personne au groupe ; la croyance que le groupe en question est victime d’autres groupes, ce qui justifie toute action entreprise contre ses ennemis (domestiques ou externes, réels ou supposés) ; la peur de nuisances frappant le groupe émanant de tendances libérales ou d’influences « étrangères » venues de l’extérieur ; le besoin d’une intégration plus étroite d’une communauté nationale « plus pure », soit par un accord, soit par la violence ; l’accent mis sur le droit du groupe à en gouverner d’autres sans aucune restriction – droit revenant au groupe grâce à sa spécificité et à ses compétences ; le sentiment de l’existence d’une grave crise, insoluble par une solution traditionnelle ; la croyance en la nécessité du pouvoir d’un dirigeant unique et à l’obéissance à ce dirigeant fondée sur la conviction qu’il possède des connaissances et des capacités surnaturelles.

Certains ajouteraient à cette liste la féroce opposition au socialisme sous toutes ses formes – caractéristique particulièrement évidente dans la pratique des mouvements fascistes actifs dans la seconde moitié du XXème siècle, même si cela ne faisait pas partie de leur idéologie affichée.

Les phénomènes habituellement définis comme fascistes sont associés aux régimes dirigés par Benito Mussolini et Adolf Hitler : les escouades d’action (bandes en Italie) ou les membres des troupes d’assaut nazies se déchaînant en chemises moires ou brunes, les défilés de masse, la subordination des médias indépendants au régime, l’élimination effective du pouvoir législatif, la réorganisation de l’ensemble de l’économie en une prétendue « harmonie », la persécution d’ennemis domestiques réels ou supposés, les camps de détention, les exécutions massives, la mobilisation de toute la nation et finalement, une guerre qui a conduit à une destruction totale - dans le cas de l’Italie et de l’Allemagne.

lire la suite

Partager cet article

Commenter cet article