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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Calais dans la généalogie des violences policières (Philippe Wannesson)

18 Août 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice, #Étrangers et immigrés

Si les banlieues sont souvent citées comme un antécédent des violences policières contre les gilets jaunes, Calais n’est que rarement citée. Pourtant, des compagnies de CRS de toute la France, plus tardivement des escadrons de gendarmes mobiles, s’y sont relayés, dans un contexte de chasse à l’homme et à la femme et d’impunité. Retour historique.

Le 5 novembre 2002, le Centre de Sangatte, géré par la Croix-rouge et qui accueillait les exilé-e-s présent-e-s dans le Calaisis, ferme ses portes aux personnes nouvellement arrivées, dans l'attente de sa fermeture totale. Celle-ci interviendra fin décembre, lorsque les exilé-e-s enregistré-e-s avant le 5 novembre ont gagné soit le Royaume-Uni soit un autre lieu d'hébergement en France, selon l'accord conclu entre les deux gouvernements.

Les exilé-e-s arrivant à Calais après le 5 novembre mènent pendant un mois une lutte, qui se traduit par des manifestations dans le centre de Calais et par l'occupation de différents lieux (gymnase, église), pour obtenir l'accès au Centre de Sangatte, mais aussi de bénéficier de l'accord franco-britannique de répartition entre les deux pays. La seule concession obtenue sera que les personnes précédemment enregistrées dans le Centre de Sangatte et dont le badge était désactivé puisse réintégrer le Centre.

Les personnes nouvellement arrivées se trouvent aussi sans abri. En dehors de leur leur soutien à la lutte des exilé-e-s, les associations reprennent les activités humanitaires qu'elles avaient avant l'ouverture du Centre de Sangatte, distribution de repas, de vêtements, de couvertures... La tâche des compagnies de CRS présentes à Calais évolue aussi, incluant le fait de débusquer les exilé-e-s là où ils et elles s'abritent, de détruire leurs abris ou de les rendre inhabitables, de les pourchasser et de les arrêter où que ce soit, dans la rue, dans les parcs, le long des routes, et d'intimider les bénévoles. Ces tâches sont menées avec plus ou moins de zèle selon les compagnies, les équipes, les individus - certains CRS sont connus pour leur brutalité particulière, certaines compagnies sont identifiées pour leur manière de faire. Le tout se passe hors de toute légalité et dans la plus totale impunité pour les forces de police. Les associations parlent de "zone de non-droit".

Les compagnies de CRS ne sont pas affectées à Calais mais s'y relayent pour des périodes variables selon les époques, de trois semaines en moyenne. La chasse à l'humain hors de tout cadre légal devient donc une activité qui revient de manière cyclique parmi celles de compagnies de l'ensemble du territoire, et marquent donc ce corps dans son ensemble. À partir de 2014, des escadrons de gendarmes mobiles se relayent également dans les mêmes conditions.

Pour compléter le dispositif, la police aux frontières intervient de manière plus ou moins directe sur le terrain. Les effectifs du commissariat de Calais ne le font que de manière ponctuelle, et sont plutôt focalisés sur l'intimidation et la répression des bénévoles. Un centre de rétention a été construit à Coquelles, à côté de Calais, en 2004.

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