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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Le non-procès de la violence néonazie (Massimo Perinelli & Christopher Pollmann)

20 Juillet 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Europe, #Allemagne

Une cellule néonazie, des meurtres en série, une police qui regarde ailleurs : tels sont les ingrédients d’un drame qui hante l’Allemagne depuis le début des années 2000. Instruit de 2013 à 2018 à Munich, le procès a révélé par ses carences mêmes les ambiguïtés des services de sécurité ainsi que de l’institution judiciaire vis-à-vis de la violence d’extrême droite.

Mercredi 11 juillet 2018, M. İsmail Yozgat s’effondre, psalmodie, se verse de l’eau sur la tête. Père de Halit Yozgat, assassiné douze ans plus tôt par le groupuscule Clandestinité nationale-socialiste (Nationalsozialistischer Untergrund, NSU), il vient d’entendre M. Manfred Götzl, juge pénal du tribunal régional supérieur (Oberlandesgericht) de Munich, prononcer son jugement contre les cinq inculpés : sévère contre l’accusée principale, mais clément contre ses quatre complices.

Ainsi s’achève le traitement public de la plus grande série de crimes néonazis commis en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale. Entre septembre 2000 et avril 2007, neuf personnes issues de l’immigration (notamment turque) et une policière sont assassinées dans plusieurs villes d’Allemagne, toujours avec le même pistolet. La police croit d’abord à des règlements de compte communautaires. Après chacun des meurtres, les investigations ciblent essentiellement les familles, le voisinage et le milieu des victimes, cherchant même par moments à ébranler leur confiance envers le défunt avec de fausses affirmations. Les deux commissions d’enquête criminelle sont d’ailleurs baptisées Bosphore et Halbmond (« croissant », par allusion au drapeau turc). Quant aux médias, ils incriminent un « sombre monde parallèle », entre drogues et racket turc, pour ces « meurtres döner ». Dans la commission Bosphore, l’une des plus grandes de l’histoire criminelle allemande, jusqu’à cent soixante agents de police explorent de mauvaises pistes. Et, lorsqu’une policière est abattue en 2007 dans sa voiture et son collègue grièvement blessé d’une balle dans la tête, les enquêteurs recherchent le « fantôme de Heilbronn » — la ville où s’est déroulée l’attaque — parmi les Tziganes, chez lesquels, selon les psychologues de la police, « le mensonge est un élément essentiel de la socialisation ». Les trois attentats à la bombe contre des cibles liées à l’immigration n’ouvrent pas davantage les yeux des autorités vis-à-vis (...)

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