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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Enseigner la Shoah : une mission impossible ? (Olivier Le Cour Grandmaison)

1 Mars 2019 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antisémitisme et négationnisme

« On n’enseigne plus la Shoah » dans de nombreux collèges et lycées. Telle est l’antienne souvent répétée par des éditorialistes, des pseudo-spécialistes, des essayistes pressés et de nombreux responsables politiques lorsque des actes antisémites sont commis en France. L’accusation autorise à mettre en cause les enseignants qui, pour ne pas heurter certains élèves, renonceraient à traiter de la destruction des Juifs d’Europe en cédant ainsi à des pressions inacceptables.

Au-delà des professeurs, l’institution elle-même est quelquefois visée par celles et ceux qui estiment que la situation empire d’année en année. Selon la formule employée par le chœur éploré des nostalgiques d’un passé scolaire et académique mythifié, « c’était mieux avant. » Singulière affirmation. Rappelons aux membres de cette cohorte hétéroclite qu’il a fallu attendre près de quarante ans pour que la « Solution finale » soit enfin enseignée dans les établissements secondaires de l’Hexagone.

Ajoutons, et ceci a quelque rapport avec le retard de cette trop lente évolution, que, sur ce sujet, la France s’est longtemps distinguée par un provincialisme scientifique et éditorial remarquable. À preuve parmi beaucoup d’autres possibles : l’ouvrage majeur, aujourd’hui un classique, de Raul Hilberg, La Destruction des juifs d’Europe.

Ce politiste, devenu historien, a commencé ses recherches en 1948, dans l’indifférence générale. Et il a publié cette somme exceptionnelle pour la première fois aux États-Unis en 1961 dans un contexte où, dans les universités comme dans le champ politique, ils n’étaient pas nombreux ceux qui s’intéressaient à cet événement et jugeaient indispensable de lui consacrer des livres, des articles et des enseignements. Quant à la traduction française, elle n’a été réalisée qu’en 1988.

Enfin, et c’est pour partie une conséquence de cet état de fait longtemps persistant, les femmes et les hommes nés dans les années 1960 n’ont pas appris ce qu’ils savent sur le génocide perpétré par les nazis et la collaboration du régime de Vichy dans les établissements secondaires et supérieurs mais au gré de rencontres et de lectures personnelles.

Stigmatisation et généralisation

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