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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Deux points de vue sur les gilets jaunes

21 Décembre 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite

Dossier VISA n°5 : Ces gilets bruns qui polluent les gilets jaunes

L'objectif de ce dossier est d'informer les militants syndicaux et du mouvement social sur les projets de manipulation visant à récupérer et dénaturer le mouvement des « gilets jaunes ». Nous voulons éclairer les méthodes employées par les différentes « factions » de l'extrême droite, qu'elles soient institutionnelles comme, entre autres, le Rassemblement National (RN) et Debout la France (DLF), ou groupusculaires avec des références assumées à l'idéologie fasciste et antidémocratique (Identitaires, GUD, royalistes…). Lorsque l'extrême réussit à infiltrer localement le mouvement des « Gilets Jaunes », le danger et les dérives qui en découlent constituent un danger mortel pour les mobilisations d'aujourd'hui et à venir.
Il n’est, pour VISA, nullement question de réduire la portée et la légitimité de ce mouvement et il nous parait important ici de citer le travail d’ un collectif comptant près de 70 personnes (enseignants-chercheurs, des chercheurs au CNRS et à l’INRA, des docteurs sans poste, des étudiantes et étudiants...) présentant dans une tribune au « Monde » le 11 décembre, les premiers résultats d’une étude détaillée qui s’appuie sur 166 questionnaires distribués sur des ronds-points et lors de manifestations. Cette étude révèle qu’un tiers des GJ interrogés refusent de se situer politiquement. Mais parmi les autres, quelque 5% se situent à l’extrême droite, 13% à droite, 6% au centre, 16% à l’extrême gauche et… 46% à gauche.
VISA tient donc seulement ici à apporter sa contribution par le prisme qui a toujours été le sien : armer la vigilance des militant-e-s inscrits dans les mobilisations sociales et (ou) syndicales pour qu'ils et elles puissent repérer et combattre, avec la plus extrême fermeté, les tentatives de récupération et de dévoiement de ces luttes par l'extrême droite.
Les faits recensés dans ce dossier s'arrêtent au 14 décembre, veille de l'acte V.
Le ras-le-bol accumulé ces 30 dernières années est arrivé à son comble. Trente ans que les mêmes politiques libérales attaquent les salariés, les retraités, les personnes en grande précarité dans leurs droits et leurs conditions de ressources. Cette politique ultralibérale et antisociale a été développée par tous les gouvernements, quelles que soient leurs couleurs politiques.
Ce ras-le-bol des classes populaires devait finir par arriver. Et cette colère a pris la couleur du jaune et se porte en gilet. Dans certaines villes, des syndicats convergent avec ce mouvement, les militant.es ont avec ce dossier des éléments objectifs et avérés pour contrecarrer l'audience et les agissements de l'extrême droite, pire ennemie des salarié.es.

Depuis des années, et en particulier depuis la « crise » de 2008, les syndicats font entendre leur voix et n'ont pas cessé de se mobiliser et d'agir. Ils organisent des grèves et défilent en réunissant régulièrement des centaines de milliers de personnes. Et pourtant, le rouleau compresseur libéral a poursuivi son office sans discontinuer. Dès lors, il n’y a rien d’étonnant qu’une partie des classes populaires se tourne vers des formes nouvelles de mobilisation telle que celle des gilets jaunes. Il y a de quoi se réjouir de voir enfin trembler le pouvoir devant cette colère légitime.
Mais il est moins réjouissant de voir que l’extrême droite a tenté dès le départ de s’immiscer dans le mouvement. Si les gilets jaunes ont de bonnes raisons d’exiger la justice sociale, pour l’extrême droite, ce n’est qu’un moyen de gagner en influence afin d’arriver au pouvoir.
Faisons tomber les masques : les revendications de l’extrême droite se situent à mille lieues de la justice sociale. Des manifestations ont eu lieu et d’autres viendront ; syndicalistes, jeunes et gilets jaunes marcheront de plus en plus souvent côte à côte. Mais l’extrême droite sera là aussi. Il est donc nécessaire de faire le point sur ceux qui souhaitent profiter du mouvement des gilets jaunes pour des raisons peu avouables...
La tentative d’infiltration et de récupération de ce mouvement par l’extrême droite est apparue très tôt par la création de plusieurs groupes Facebook sur des revendications où se joignent pêle-mêle le retour du 90 km/h sur les routes départementales, la peine de mort pour les pédophiles, la fin des radars et autres sujets assez porteurs sur un électorat d'extrême droite. Facebook pullule de groupes en ce sens : « jour de colère », « colère en France » et de vidéos, pétitions pour accrocher la colère. C'est l'effet de cette mouvance complotosphère, fachosphère sur des personnes déjà sensibles à de nombreuses fake news et sorties de l'ombre : voilà d’où sortent certains « leaders autoproclamés » du mouvement, mais pas tous. La fameuse vidéo de Frank Buhler, pourtant identifié comme ex-militant du RN (qui en avait été suspendu pour des propos racistes) puis responsable régional du parti Debout la France, islamophobe convaincu, ne changea pas sa médiatisation, ainsi que pour les autres qui suivirent épinglés tour à tour dans la presse.
La vidéo de Frank Buhler, appelant à se rendre « par tous les moyens, à pied, à cheval ou en voiture », à Paris le samedi 24 novembre 2018, était l’une des deux vidéos massivement consultées qui appelaient – en parallèle – à cette première journée de protestation devenue massive à Paris. Il était déjà l’auteur d’une vidéo de mobilisation en octobre dernier, qui aurait été visionnée 3,4 millions de fois sur Internet au cours des premières semaines. Là encore, précisons que Frank Buhler ne représente évidemment pas la totalité du mouvement, et encore moins la totalité des personnes qui ont répondu – pour des motivations sociales et économiques différentes – aux différents appel à manifester.

Marine Le Pen et ses potes du RN

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Un point de vue antifasciste sur les Gilets jaunes (La Horde)

Un point de vue antifasciste sur les Gilets jaunes

19 décembre 2018 4 Imprimer ce billet Imprimer ce billet

Alors que le mouvement des Gilets jaunes commence à se structurer et, du fait des miettes jetées aux pigeons par le chef de l’État, est un peu à la croisée des chemins (continuera ou pas ?), il nous a semblé intéressant de proposer notre point de vue, dont on espère qu’il contribuera à alimenter les discussions sur la nécessaire vigilance à l’égard des nouvelles stratégies nationalistes partis à l’assaut des mouvements sociaux. 

S’inquiéter de la présence de l’extrême droite dans le mouvement des gilets jaunes entraîne inévitablement un certain nombre de critiques : ce serait une façon de dénigrer un mouvement populaire, voire le reflet d’un mépris de classe qui voudrait que les gilets jaunes soient forcément des racistes prêts à suivre le premier facho venu. Il est donc nécessaire de rappeler que nous, antifascistes anticapitalistes, sommes capables de faire la part des choses, et de proposer, comme n’importe qui, des analyses de ce mouvement sous un angle particulier, celui de la lutte contre l’extrême droite, sans qu’elles soient simplistes, réductrices ou moralisatrices.

Si nous pensons qu’il est plus que nécessaire de rappeler le rôle nuisible de l’extrême droite dans un mouvement de ce type, c’est parce que justement nous pensons que tout n’est pas joué. Pour construire quelque chose au-delà de la colère, les gilets jaunes vont devoir se rassembler autour d’un certain nombre de valeurs : et c’est là que non seulement nous ne croyons plus au mariage de la carpe et du lapin, mais que la question de la pénétration des idées d’extrême droite est cruciale. Car il est malheureusement à craindre qu’une colère légitime qui ne s’affirmerait pas dans la défense d’une société égalitaire et ouverte, débouche finalement sur un durcissement du régime et de ses institutions, avec en prime un détournement du ressentiment populaire en direction des populations les plus fragiles, migrant.es en tête.

Un mouvement relativement inédit

Sur ce point, tout le monde s’accorde : les gilets jaunes forment un mouvement assez inédit dans sa structuration, son fonctionnement et ses pratiques, qui rompt avec toute forme d’organisation, et ne rentrent donc pas dans les grilles de lectures classiques des mouvements politiques. Spontanés, réfractaires à toute forme d’organisation traditionnelles (syndicat, association, parti politique) les gilets jaunes adoptent des modes d’apparition et d’expression qui ne sont pas traditionnels : communication uniquement via Facebook, absence de dépôt de manif et d’objectif hormis occuper un lieu, un espace. Ces « nouveautés » du mouvement sont cependant relatives, car les mouvements lycéens les ont adoptés depuis plusieurs années déjà.

Mais il faut reconnaitre, et c’est déjà là leur première victoire, que les gilets jaunes ont mis à l’amende les « champions » du marketing politique de la République en Marche, en les battant sur leur propre terrain, celui de la communication numérique, et ce sans faire appel à toutes les techniques de com’ appliquées par les grandes entreprises ou les jeunes loups de LREM.

Sous les gilets, deux visions du monde…

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