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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Amos Oz n’était pas une colombe (Haidar Eid)

31 Décembre 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme

Une fois encore, je me retrouve dans l’étrange situation de devoir écrire une nécrologie critique d’un autre membre de la soi-disant “gauche” israélienne, ou plutôt du “camp de la paix”. Il y a quatre mois il s’agissait d’Uri Avnery, fondateur du mouvement pacifiste Gush. Aujourd’hui c’est le prestigieux écrivain israélien Amos Oz, mort à l’âge de 79 ans. Bien que mon domaine de prédilection soit la littérature, ce sont les idées politiques de l’homme qui m’ont d’avantage intéressées.

Comme la plupart des leaders de la “gauche” sioniste modérée, Oz ne s’opposait qu’à l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, et n’a jamais condamné le péché originel — le grand pillage de la Palestine en 1948. Selon ce sioniste convaincu jusqu’au dernier jour, l’occupation de 1967 était la source du “ conflit israélo-palestinien.”

Je me suis intéressé à ses positions concernant deux sujets majeurs : le droit au retour et la solution à deux états. Sa position reflète bien celle de la soi-disant “gauche” israélienne, ou sionisme modéré. Après avoir servi lors de la Guerre des six jours en 1967, Oz a été l’une des premières figures publiques à s’opposer à l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et à se faire le porte-parole de la solution à deux états, ou à deux entités ethniques basées sur l’identité ethnoreligieuse.

En outre, Oz a défendu, à de nombreuses reprises, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël, y compris l’attaque israélienne de grande ampleur sur le Liban en 2006 et le massacre de Gaza de 2008-2009. Le plus étonnant a été qu’il était tellement d’accord avec la décision du président états-unien Donald Trump de déplacer l’ambassade états-unienne à Jérusalem qu’il pensait que “chaque pays du monde devrait suivre le Président Trump et déplacer son ambassade en Israël à Jérusalem.”

On peut se faire une idée de l’idéologie guidant ses écrits en lisant trois de ses textes que je connais le mieux et qui sont également les textes les plus connus en Israël : Dans la terre d’Israël, Mon Michaël et Une histoire d’amour et de ténèbres.

Dans ce que l’on considère être ses mémoires, Une histoire d’amour et de ténèbres, il y a une interaction entre littérature et idéologie et la manière dont cette dernière prend le dessus au détriment de l’esthétique. En glorifiant les kibboutz bien que construits sur des terres volées appartenant à des autochtones Palestiniens, il est devenu un membre actif, et un défenseur, de l’agressive politique colonialiste de son pays. Dans son œuvre, les Palestiniens sont (sous)représentés comme des personnages marginalisés et passifs, jamais comme des agents actifs. L’œuvre littéraire d’Oz est réellement la fusion de la littérature et de l’idéologie israélienne.

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