L’attelage est alléchant. Deux journalistes expérimentés. Cinq étudiants en dernière année au Centre de formation du journalisme. Leur mission : réaliser une enquête sur un sujet brûlant. Pour ce faire, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, enquêteurs au Monde, ont nommé leur cellule d’enquête « Spotlight », du nom de celle… formée par le Boston Globe pour révéler, en 2002, un immense scandale de pédophilie. Ici, les jeunes journalistes en formation ont disséqué la Seine-Saint-Denis avec un angle précis : y raconter la progression grandissante de la religion musulmane. L’ouvrage, paru mi-octobre, s’intitule donc Inch’Allah : l’islamisation à visage découvert (éditions Fayard).

Les jeunes journalistes n’ont pas l’honneur de voir leur nom figurer sur la couverture. Ivanne Trippenbach, Célia Mebroukine, Romain Gaspar, Hugo Wintrebert et Charles Delouche ont pourtant consacré neuf mois de leur temps, en parallèle de leur formation, à réaliser un travail de terrain. Les deux vedettes de l’investigation n’ont jamais mis les pieds en Seine-Saint-Denis pour cette enquête, racontent-ils eux-mêmes dans la préface. « On a relu, enrichi et retouché leurs textes. Mais nous avons mis un point d’honneur à ne jamais les accompagner à un seul rendez-vous, ni à leur fournir le moindre document. » Les jeunes gens, eux, n’ont pas eu la satisfaction d’être rémunérés pour leur travail. Contactés par nos soins, les étudiants auteurs de cette enquête n’ont « pas souhaité donner suite » à notre demande.

Une enquête, vraiment ?