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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Royaume-Uni. Jeremy Corbyn, un homme à abattre ( Jonathan Rosenhead)

12 Septembre 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme, #Antisémitisme et négationnisme, #Europe, #Grande-Bretagne

Alors que s’ouvre le 23 septembre la conférence du Parti travailliste, l’offensive menée par les cercles néolibéraux et pro-israéliens contre son leader Jeremy Corbyn ne faiblit pas. L’accusation d’antisémitisme revient de manière récurrente, alimentée par une campagne médiatique sans précédent. Et l’acceptation par la direction du parti d’une définition plus que contestable de l’antisémitisme ne met pas fin aux attaques.

Récemment, le leader du parti travailliste britannique a été décrit comme « un antisémite et un putain de raciste » par Margaret Hodge, une députée travailliste de longue date, de confession juive. De son côté, l’ancien grand rabbin Jonathan Sacks a stigmatisé un discours de Corbyn, prononcé il y a trois ans, le taxant de « déclaration la plus injurieuse de la part d’un homme politique britannique » depuis les terribles propos tenus en 1968 par un chef de file des conservateurs évoquant des « rivières de sang » au sujet de l’immigration noire. The Campaign Against Antisemitism a lancé une pétition dont l’intitulé est (en lettres capitales) : « Dites aux parlementaires du parti travailliste que Jeremy Corbyn est un antisémite et qu’il doit s’en aller. » Cela amène une question : comment Corbyn a-t-il réussi au cours de ses trente-cinq années de carrière à se faire passer avec succès pour un antiraciste ?

« Le seul vrai leader de gauche »

Bien sûr, on peut entendre des voix dissidentes. Dans un récent article du quotidien israélien Haaretz, Yitzhak Laor a présenté Corbyn comme « le seul vrai leader de gauche en Occident ». Si l’on examine la situation des pays développés, existe-t-il ailleurs qu’au Royaume-Uni un parti véritablement radical politique qui ait une chance d’accéder au pouvoir ? En France et en Italie, les partis de gauche ont été exclus du pouvoir, ont abandonné toute orientation radicale et ont vu leur électorat fondre de façon dramatique. En Allemagne, les sociaux-démocrates sont des partenaires mineurs de la coalition gouvernementale dirigée par Merkel.

A contrario, sous la direction de Corbyn, le parti s’est orienté résolument à gauche et a vu son nombre d’électeurs du Labour progresser : le parti a gagné dix points aux élections de 2017 et, dans les sondages d’opinion, les travaillistes sont maintenant au coude à coude avec les conservateurs. Il existe même une chance qu’il obtienne une majorité absolue aux prochaines élections qui pourraient avoir lieu rapidement, car le gouvernement britannique est empêtré dans les négociations sur le Brexit. Un nouveau mouvement populaire, Momentum, a recruté des dizaines de milliers de nouveaux militants, dont beaucoup appartiennent aux nouvelles générations, qui se sont jointes à la campagne électorale des travaillistes. Par ailleurs, le nombre d’adhérents du parti est monté à 550 000, faisant de lui le plus grand parti européen. À quoi doit-on cette réussite ?

Si la défense constante de la cause palestinienne par Corbyn explique l’hostilité qu’il rencontre, un autre élément est l’opposition qu’il rencontre chez nombre de députés travaillistes. Depuis 1994, Tony Blair et Gordon Brown avaient impulsé une nouvelle ligne au sein du parti, ce que l’on a appelé le New Labour. Jusqu’en 2015, l’ensemble du parti — ses dirigeants, ses députés, sa bureaucratie, ses sections locales — était sur une même ligne néolibérale. Les candidats travaillistes dans des circonscriptions où ils étaient assurés d’être élus étaient soigneusement sélectionnés et tous les dangereux « gauchistes » mis sur la touche (si Corbyn n’avait pas déjà été député, il n’aurait jamais pu entrer au Parlement).

Les militants entrent en scène

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