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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Quand Macron nous crache au visage (Pierre Tevanian)

18 Juin 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Génocides, #Proche et Moyen-Orient, #Arménie, #Macron et LREM

Quand Macron nous crache au visage (Pierre Tevanian)

Réflexions sur le génocide des Arméniens, la maison de Pierre Loti, le devoir de mémoire et les politiques du patrimoine

Démantèlement du droit du travail, du service public, de tout l’Etat social. Liquidation du droit d’asile. La liste est longue des raisons de détester Emmanuel Macron et d’entrer, contre l’ensemble de sa politique, en résistance. Une nouvelle raison vient de s’y ajouter : la politique mémorielle du nouveau président, et la manière, plus précisément, dont il vient de cracher à la figure des Arméniens, les 1500000 qui furent massacrés, les rescapés et leurs descendants, dont une bonne part vit aujourd’hui en France.

Certes, dira-t-on, le nouveau président a annoncé, le 24 avril dernier, que cette date du 24 avril serait désormais inscrite au calendrier des commémorations officielles de la République française. De quoi se plaint-on ? Peut-être d’un simple effet d’annonce, alors que la date n’est pas fériée, et que le président n’a même pas daigné, l’année même où il annonçait cette nouvelle, se rendre en personne à la commémoration qui a lieu tous les ans devant la statue de Komitas à Paris, mais a préféré se faire représenter par l’un de ses ministres – et pas le premier d’entre eux, loin s’en faut : Nicolas Hulot. Je ne sais pas à vrai dire quel est le rang, dans la hiérarchie gouvernementale, du ministre de l’environnement, mais ce que je soupçonne n’est pas fameux. A fortiori quand ledit ministre de l’environnement vient d’être mis en cause dans une affaire de viol.

Mais le pire est à venir. Un « loto du patrimoine » est organisé par le « Monsieur patrimoine » du président, Stéphane Bern, afin de récolter 15 millions d’euros et financer la restauration de plusieurs « monuments en péril », et l’on apprend avec stupéfaction que, parmi les monuments qui seront restaurés avec ces millions d’euros, figure la maison d’un écrivain orientaliste, Pierre Loti, qui s’est illustré par des écrits politiques d’une violence raciste ahurissante, à l’encontre notamment des Arméniens, mais aussi des Juifs. Plusieurs associations [1] donnent l’alerte et demandent au Président de corriger l’erreur, de réparer la faute, bref : de retirer de la liste des bénéficiaires de ce « loto » la maison de Pierre Loti, afin de ne pas honorer la mémoire d’un prêcheur de haine, apologue de crimes contre l’humanité. C’est alors qu’Emmanuel Macron entre en scène : le président, qui n’avait pas eu le temps, six semaines plus tôt, de se déplacer à Paris, à quelques pas du palais de l’Elysée, pour honorer un million et demi de morts, et assurer la diaspora arménienne de sa pleine et entière inscription dans la mémoire collective française, trouve en revanche le temps, ce vendredi 15 juin 2018, de se rendre à Rochefort, à 500 km de Paris, pour honorer de sa présence la maison de Pierre Loti, en compagnie de Stéphane Bern et de la ministre de la culture, Françoise Nyssen.

Et à l’affront que constitue cette visite, le président ajoute l’injure, en s’exprimant publiquement sur « la polémique » Pierre Loti :

« Il ne faut pas chercher à faire des polémiques sur tout. »

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