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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Saïd Bouamama : « Des Noirs, des Arabes et des musulmans sont partie prenante de la classe ouvrière »

26 Mai 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique

Saïd Bouamama : « Des Noirs, des Arabes et des musulmans sont partie prenante de la classe ouvrière »
Laïcité, foulard, islam, colonialité ou « race » : plus une semaine sans qu’il n’en soit question dans le débat public. Les libéraux et l’extrême droite montent sur les tables ; laissons-les s’égosiller. Les partisans de l’émancipation s’entredéchirent ; voilà qui nous importe. Les tensions entre la tradition matérialiste européenne (socialiste, communiste ou anarchiste) et les mouvements anticolonialistes ne datent pas d’hier. Celles entre irréligieux et croyants non plus — Lénine énonçait déjà en 1909, en opposition à certains espaces révolutionnaires : « Un marxiste est forcément tenu de placer le succès du mouvement de grève au premier plan, de réagir résolument contre la division des ouvriers, dans cette lutte, entre athées et chrétiens. » Pour en parler, nous retrouvons le sociologue Saïd Bouamama à Saint-Denis, cofondateur du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) et ancien participant à la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Pourquoi discuter d’alliances, comment les structurer et à quelles conditions ?

En 1970, Jean Genet appelait à « organiser tout de suite des alliances révolutionnaires tactiques » entre les militants blancs de gauche et les activistes afro-américains. Comment ces mots résonnent-ils aujourd’hui ?

C’est comme s’il les avait prononcés hier. Il faut distinguer les alliances tactiques et les alliances stratégiques. Les premières supposent la prise de conscience d’intérêts communs, à un moment donné, sans avoir à partager l’ensemble de l’analyse ; les secondes impliquent d’avoir enlevé les angles morts des uns et des autres pour produire une analyse commune. Dès qu’il est possible d’œuvrer à une convergence d’intérêts objectifs, nous devons le faire. N’en reste pas moins, de nos jours, une réelle difficulté : sur un certain nombre de questions qui touchent les populations des quartiers populaires, les analyses dominantes produites par la gauche évacuent leur spécificité. Prenons un exemple très connu, et tout aussi concret : une grande partie de la gauche et de l’extrême gauche considère que le port du foulard empêche tout travail commun. Nous pensons quant à nous que les musulmans — et donc les musulmanes qui peuvent le porter — sont une composante du peuple français et que le foulard ne devrait pas être un obstacle ni son retrait une condition pour pouvoir avancer ensemble. La non-reconnaissance du développement de l’islamophobie comme forme de racisme contemporain nécessitant une mobilisation collective reste un facteur entravant l’action commune.

Qui dit foulard dit islam. Et la gauche radicale française est historiquement plutôt incroyante, sinon athée…

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