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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Erdogan, le despote que cachait le démocrate (Christian Desmeules)

15 Mars 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Proche et Moyen-Orient, #Turquie

Des centaines de journalistes, professionnels de l’information ou écrivains croupissent dans les prisons turques, parfois en attente d’un procès ou déjà condamnés à de lourdes peines sur la base de preuves farfelues. Comme les frères Ahmet et Mehmet Altan, qui ont écopé tous les deux de peines de prison à perpétuité le mois dernier pour avoir soi-disant envoyé des « messages subliminaux » aux partisans du coup d’État avorté de juillet 2016 au cours d’un panel télévisé.

Depuis le coup d’État raté de juillet 2016, une répression sans précédent s’est abattue sur la Turquie. Cent soixante-dix mille limogeages dans la fonction publique, quarante mille emprisonnements, des cas de torture, des vies brisées sans nombre. Le pays occupe la 155e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse pour 2017.

Et rien ne semble vouloir arrêter le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ni l’impossible ni le ridicule. Ni même l’Occident.

Le journaliste français Guillaume Perrier a été correspondant en Turquie pour Le Monde entre 2004 et 2014. Coauteur avec Gilles Cayatte du documentaire Erdogan, l’ivresse du pouvoir (2016), il vient de faire paraître Dans la tête de Recep Tayyip Erdogan (Actes Sud), un essai éclairant dans lequel il décrit bien, pour nos yeux d’Occidentaux, l’évolution complexe d’Erdogan au fil du temps — et notamment en ce qui touche sa relation avec le fameux prédicateur islamiste Fethullah Gülen.

Ancien porte-drapeau de la candidature de la Turquie à l’Union européenne, partisan d’une solution négociée de la question kurde avant de s’en faire le fossoyeur, allié à la fois d’Israël et de Bachar el-Assad, longtemps proche de Fethullah Gülen avant d’en faire son ennemi juré, membre de l’OTAN qui se permet d’acheter des armes aux Russes, l’ancien maire d’Istanbul a depuis longtemps la réputation d’être un chef impulsif, un instinctif qui a « la langue proche du coeur ». Mais est-ce vraiment le cas ?

« Pas uniquement », nuance Guillaume Perrier, rencontré au zinc d’un café du XXe arrondissement, à Paris. « C’est ce que j’essaie de raconter dans mon livre : il a ce caractère sanguin et impulsif, mais il serait un peu simpliste de le résumer à ça. C’est quelqu’un qui a une formation politique bien particulière, qui possède une culture islamiste et nationaliste très enracinée, qui a aussi un parcours politique propre au sein de la mouvance islamiste, ayant appris auprès de Necmettin Erbakan, qui est un peu le patriarche de l’islam politique turc. Il a été formé au sein du Parti du salut national (MSP) dans les années 1990, le parti islamiste qui a participé au gouvernement, ce qui lui a permis de mettre les pieds dans le jeu politique. »

Un bas-les-masques

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