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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

La bonne conscience des intellectuels français (collectif)

15 Janvier 2018 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antiracisme politique, #Antisémitisme et négationnisme

Le cas de Thomas Guénolé et de la gauche française de Jean-Luc Mélenchon

paru dans lundimatin#129, le 15 janvier 2018

En mars 2016, Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire d’Houria Bouteldja paraissait aux éditions La Fabrique et provoquait une succession de polémiques parfois nécessaires mais souvent artificielles ou platement diffamatoires. Lundimatin s’en est d’ailleurs occasionnellement fait le relai en publiant cet article d’Eric Hazan ou cette critique d’Ivan Segré. Les écrits polémiques ne sont pas de la littérature ou de la philosophie que chacun peut apprécier d’une confortable distance, ils nous somment de prendre parti, d’attaquer ou de défendre. C’est bien le mérite qu’il faut reconnaître au Parti des Indigènes de la République, digne héritier en cela d’un certain trotskisme français, que de savoir opérer pour bousculer, ébranler et imposer ses termes au conflit et ses divisions au cœur du parti adverse ou à conquérir. Mais c’est une des conséquences de la politique qu’il devient à un certain point impossible de distinguer quel parti se joue de l’autre. D’un côté, le livre d’Houria Bouteldja stimule et révèle l’expression et l’assomption d’un racisme mainstream aussi décomplexé qu’effarant et glauque ; de l’autre il prétend imposer une idée de l’amour révolutionnaire aussi désirable qu’un plan quinquennal soviétique. S’il revient à chacun de déterminer la nécessité de se mêler à telle ou telle bataille, les questionnements ouverts par le conflit nous interpellent tous. C’est pourquoi nous publions cette tribune rédigée et signée par des intellectuels juifs et qui apporte un éclairage très différent à ce débat bien trop français.

Des juifs comme nous se retrouvent aujourd’hui dans une situation difficile mais intéressante. D’un côté, nous craignons le retour d’un antisémitisme déclaré, comme celui que l’on a pu observer à Charlottesville, en Virginie, quand une foule de suprématistes blancs a défilé en brandissant des flambeaux et en scandant : « Les Juifs ne nous remplaceront pas ». D’un autre côté, c’est précisément ce qui menace notre sécurité en tant que juifs – la tradition chrétienne et blanche de la haine des Juifs – qui est utilisé contre nous lorsque nous soutenons que l’occupant colonial, Israël, ne nous représente pas.

De la France, où l’appel au boycott, au désinvestissement ou aux sanctions contre Israël est érigé en délit, jusqu’aux États-Unis, où nos collègues sont chassés des universités pour avoir osé parler des crimes associés au colonialisme israélien, les juifs antisionistes sont menacés. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a osé dire à tous les Juifs que c’est « en tant que représentant de tout le peuple juif » qu’il s’est rendu à Paris après l’attentat contre Charlie Hebdo. Notre droit de vivre librement en diaspora est attaqué à la fois par le suprématisme chrétien et par le suprématisme sioniste.

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