Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Un zéro pointé pour Plantu (collectif)

5 Novembre 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antisémitisme et négationnisme

Tribune collective 

« En France, un antisémitisme du quotidien », titre en Une Le Monde daté du 3 novembre 2017. L’article en page intérieure expose avec précision l’importance et la banalisation de violences antisémites au quotidien : insultes, intimidations, tags et dégradations de bâtiments, violences physiques. Cette enquête dense, variant les focales et les témoignages, dresse le tableau d’un antisémitisme édifiant, inquiétant et bien évidemment, intolérable – c’est-à-dire qui ne saurait en aucun cas être toléré. Est-il besoin à ce stade de préciser qu'aucun de nous n'ignore la gravité de ce fléau, dans nos métiers comme à l'échelle de la société et surtout sur l'ensemble du territoire ? Et d’ajouter que la lutte contre l’antisémitisme, le négationnisme ainsi que toutes les formes de racismes sont au cœur de nos combats politiques et sociaux ?

Hélas, le dessin de Plantu illustrant la Une du Monde nous y oblige, car il nous accuse frontalement. Ainsi, l’école est peu présente dans l’analyse de fond de l’article, sinon pour signaler une fuite vers les écoles confessionnelles ou brièvement mentionner des actions de prévention dans des collèges parisiens ; l’enseignement spécifique de l’histoire est, lui, totalement absent. La caricature ainsi déconnectée des études citées, tend à la facilité du cliché (ce que nous pourrions a minima trouver un peu paresseux, mais il est vrai que nous ne sommes pas journalistes) et de l’insulte.

En effet, au mépris de toutes les études récentes comme de sa propre rédaction, le caricaturiste - référence de l’humour grinçant, sophistiqué et prétendument émancipateur de la presse papier vespérale - lie l’antisémitisme quotidien à la démission des professeur.e.s d’histoire-géographie qui auraient renoncé à enseigner la Shoah. Ce dessin, dénué de drôlerie et donc raté, est, en revanche, saturé de lieux communs : de l’inoxydable silhouette du prof débraillé au look « CAMIF seventies », à la croyance en notre capacité thaumaturgique de guérison des maux par simple imposition d’une histoire édifiante ou identitaire. Il pointe une accusation très grave : non seulement nous n’enseignerions plus la Shoah, mais ce serait un choix assumé, avec le sous-entendu méprisant d'une capitulation. On le voit, la posture somatique de l’enseignant est sans équivoques, l’air nonchalant, les bras écartés : le je-m’en-foutisme attribué au service public est ici repris sans honte par Plantu, tandis qu’un mince filet de sueur sur son front laisse suggérer que le dit-prof a malgré tout conscience qu’il est en faute. Par ce dessin, Plantu expose la démission et la lâcheté mêlées des professeur.e.s d’histoire-géographie. Il dégouline de mépris de classe, si l’on peut dire.

Lire la suite

Partager cet article

Commenter cet article