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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Quand les candidat-es macronistes votaient pour une mesure du FN (Jérôme Martin)

14 Mai 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Front national, #Macron et LREM

Comment « La République en Marche », le mouvement d’Emmanuel Macron, qui s’est présenté comme un rempart contre Marine Le Pen pendant l’entre-deux-tours, peut-elle permettre l’investiture aux législatives d’au moins 15 député-es sortant-es ayant voté pour la déchéance de la nationalité, mesure-phare du FN ?

Les noms de 428 candidat-es aux législatives ont été publiés ce jeudi 11 mai par la République en Marche (LRM). Parmi ces noms, on trouverait 24 député-es sortant-es, selon le secrétaire général du mouvement Richard Ferrand, lui-même actuelllement député.

En épluchant la liste (disponible à ce lien), j’ai réussi à en identifier 22. J’ai croisé cette liste avec l’analyse du scrutin public (disponible à cette page) concluant la première lecture à l’Assemblée nationale du projet de loi constitutionnelle, dit de « protection de la Nation ». Son premier article normalisait un peu plus l’état d’urgence, dont les premières victimes étaient les musulman-es (perquisitions, assignations à résidence) ; son deuxième article reprenait une mesure proposée par le FN depuis longtemps, la déchéance de nationalité pour les personnes condamnées «  pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la Nation » (voir texte adopté le 10 février 2016 en première lecture à ce lien).

La loi n’avait finalement pas abouti. Non parce que le gouvernement ou la majorité auraient eu un sursaut de conscience, mais parce que Sénat et Assemblée ne pouvaient se mettre d’accord, condition indispensable pour le passage d’une loi constitutionnelle.

Même si elle n’a finalement pas été votée, cette loi a été défendue par des député-es, parmi lesquel-les 15 candidat-es LRM : il s’agit de Jacques Krabal (Aisne), Christophe Castaner (Alpes-de-Haute-Provence, par ailleurs porte-parole de Macron pendant sa campagne), François-Michel Lambert (Bouches-du-Rhône), Alain Tourret (Calvados), Sophie Errante (Loire Atlantique, qui a voté contre, mais a indiqué s’être trompée et avoir voulu voter pour, comme l’atteste la mise au point du site*), Frédéric Barbier (Doubs), Françoise Dumas (Gard), Monique Iborra (Haute-Garonne), François de Rugy (Loire Atlantique), Yves Daniel (Loire Atlantique), Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais), Yves Blein (Rhône), Barbara Pompili (Somme ; elle sera nommée au gouvernement le lendemain de ce scrutin), Jean-Jacques Bridey (Val-de-Marne), Jean-Yves Caullet (Yonne). Quant à Florent Boudié (Gironde), Patrick Vignal (Hérault), Stéphane Travert (Manche) et Jean-Louis Touraine (Rhône), ils se sont abstenus. Seuls Richard Ferrand, Paul Molac et Jean-Michel Clément ont voté contre.

15 candidat-es investi-es aujourd’hui par LRM ont voté en faveur d’une mesure raciste, contraire aux droits fondamentaux. Comment concilier cette prime au racisme avec les injonctions de l’entre-deux-tours à « faire barrage au FN » ? Emmanuel Macron pense-t-il que nous n’avons aucune mémoire ? Pense-t-il que « faire barrage au FN », c’est juste 15 jours tous les 5 ans, et que le reste, il peut ouvrir toutes les vannes du racisme ? Ou bien va-t-il nous dire que pour faire barrage au FN, il faut appliquer son programme et cautionner des irresponsables politiques qui ont déjà voulu le faire ?

Nous n’avons pas oublié les manifestations de racisme, notamment d’islamophobie, qui ont émaillé les dernières semaines de la campagne d’En Marche : sanction contre un soutien de Macron qui ne cachait pas son appartenance à l’islam (voir cet article et ce communiqué), et qui a été diffamé par des racistes républicaines ; attaques violentes et injustifiées contre le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France). Nous n’avons pas non plus oublié l’appartenance de Macron à un gouvernement qui s’est illustré par une politique raciste, par exemple à l’égard des réfugié-es.

Que LRM investisse 15 député-es qui ont fait le jeu du FN montre que le mouvement n’a pas pris la mesure des réformes nécessaires à faire en matière de lutte contre le racisme. Le sujet doit être posé, de façon prioritaire, pendant la campagne qui s’ouvre.

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