Entretien avec Henry Laurens sur le troisième affrontement israélo-arabe
25 Mai 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine
Juin 1967, une guerre de six jours qui n’en finit pas
Après l’affrontement entre le jeune État d’Israël et ses voisins arabes en 1948-1949, après l’expédition de Suez et la conquête du Sinaï en 1956, la guerre de juin 1967 est le troisième round d’un affrontement qui n’a jamais vraiment cessé. Mais il va profondément bouleverser la région et, paradoxalement, marquer la renaissance du mouvement national palestinien.
Sylvain Cypel. — La guerre de 1967 aurait-elle pu être évitée ?
Henry Laurens. — Le déterminisme absolu n’a jamais existé. Un certain nombre de facteurs présents depuis 1964 ont provoqué cette guerre : en particulier la remontée du mouvement palestinien et la volonté de l’Égypte de Gamal Abdel Nasser de la canaliser. Même si cette Organisation de libération de la Palestine (OLP), créée en 1964, tient des discours extrêmement radicaux, en réalité elle est plus un moyen pour Nasser de contrôler la revendication palestinienne que de s’en prendre à Israël. Et puis le Fatah de Yasser Arafat entre dans la lutte armée dès le 1er janvier 1965. Le premier sommet des chefs d’État arabes de janvier 1964 avait fait sienne l’exigence de la « libération de la Palestine ». Ce mot d’ordre est évidemment une alerte pour Israël. Mais en réalité, pour Nasser, la libération de la Palestine passera par le préalable de l’unité arabe. Autant dire, cyniquement, aux calendes grecques.
S. C. — La tension persistante entre Israël et la Syrie n’est-elle pas un autre élément déclencheur de la crise qui mènera à la guerre ?
H. L. — Si, mais il est selon moi secondaire. Ce qui est alors essentiel, c’est la guerre au Yémen. Nasser est complètement embourbé entre une révolte royaliste et la République yéménite proclamée en 1962, que l’Égypte soutient. Une partie importante de l’armée égyptienne se trouve au Yémen. C’est un abcès de fixation, car dès lors que les Égyptiens menacent l’Arabie saoudite, les Américains annoncent qu’ils la protègeront. La stratégie nassérienne, durant toute la crise de 1967, ne vise en réalité pas la Palestine mais à casser le soutien américain à l’Arabie saoudite.
S. C. — Vous exposez là le point de vue arabe. Quand j’évoquais la tension avec la Syrie, c’est parce que cet enjeu-là était alors important aux yeux des Israéliens, en particulier la question de l’eau1.
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