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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

«Le régime de Trump est une ploutocratie» (Robert O. Paxton)

9 Mars 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Amériques, #États-Unis

Un peu plus d’un mois après l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche, l’historien américain Robert O. Paxton, spécialiste de la France de Vichy, tente de qualifier la nature de la nouvelle administration dans une tribune publiée par Le Monde que nous reproduisons ici. Son diagnostic: le véritable agenda du nouveau président des Etats-Unis est le démantèlement des lois qui protègent les travailleurs et l’environnement

 

La tentation est forte de qualifier de «fasciste» le nouveau président américain. Le ton agressif employé par Donald Trump, sa hargne, sa mâchoire crispée évoquent Mussolini. Ses arrivées théâtrales en avion (stratégie électorale inventée par Hitler) et ses harangues devant une foule qui scande des slogans simplistes («USA! USA!», «Mettez-la en taule», à propos d’Hillary Clinton, dépeinte comme une candidate corrompue) rappellent les meetings nazis du début des années 1930.

Trump reprend plusieurs motifs typiquement fascistes: déploration du déclin national, imputé aux étrangers et aux minorités; mépris des règles juridiques; caution implicite de la violence à l’encontre des opposants; rejet de tout ce qui est international, que ce soit le commerce, les institutions ou les traités en place.

Si tentant qu’il soit d’apposer à Trump la plus toxique des étiquettes politiques, une telle qualification n’est justifiable qu’à condition de permettre un approfondissement ou d’apporter un éclairage. Or l’étiquette «fasciste» masque un objectif central de Trump et de la majorité républicaine au Congrès, à savoir le démantèlement de la législation américaine qui assure la protection des travailleurs et de l’environnement.

Le terreau de la défaite et de l’humiliation

Les urgences auxquelles répondaient jadis les mouvements fascistes n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Ces organisations trouvaient leur terreau dans des nations qui avaient été vaincues ou humiliées lors de la première guerre mondiale.

Les premiers fascistes promettaient de surmonter la faiblesse et le déclin national en renforçant l’Etat, en galvanisant et en disciplinant la nation, en subordonnant les intérêts individuels à ceux de la communauté et en purgeant la population des dissidents et ennemis internes. Ils se présentaient comme seuls capables de faire barrage à une révolution bolchevique et de récupérer des territoires perdus.

En Italie et en Allemagne, les dirigeants modérés et conservateurs résolurent de coopter le fascisme plutôt que de le refouler. Ils craignaient qu’une répression n’ouvre la voie au socialisme. Pour se maintenir au pouvoir, ils comptaient sur les masses fascistes, sur leur énergie et leur discipline. Ils ne doutaient pas qu’après avoir partagé le pouvoir avec les fascistes ils parviendraient à reprendre le contrôle sur ces grossiers intrus grâce à leur habileté politique supérieure, à leur vernis social et à leur expérience.

L’Etat fasciste et le corporatisme

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