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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

4 arguments utilisés pour décrédibiliser le récit de Théo, et les réponses à y apporter (Sihame Assbague)

7 Février 2017 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Police Justice

Le 3 janvier dernier, Théo L., 22 ans, subissait des actes de torture et de barbarie par des personnes dépositaires de l’autorité publique. Si pour une fois de nombreuses voix, notamment au plus haut sommet de l’État, se sont élevées pour compatir ou dénoncer le calvaire subi par ce jeune aulnaysien, on a aussi eu le droit aux traditionnelles répliques des défenseurs de la domination policière. On a relevé les 4 arguments qui reviennent le plus souvent et y avons apporté des éléments de réponse.

« Qu’est-ce qu’il a fait pour mériter ça ? »

C’est LA question qui revient, même chez ceux qui sont « plutôt d’accord » pour dire que ces actes de torture et de barbarie sont inadmissibles. Au lieu de prendre la mesure de la brutalité policière, on cherche des éléments de justification et de compréhension dans le comportement de la victime. « S’il s’est pris de tels coups, c’est qu’il l’avait, d’une manière ou d’une autre, bien cherché. » Évidemment, au-delà de la grande confiance en l’institution policière dont cet argument témoigne, ce sont les ressorts racistes qu’il faut analyser. Ce que ça dit est très simple : dans l’imaginaire collectif, un banlieusard descendant de l’immigration post-coloniale ne peut pas être innocent. Il a forcément toujours quelque chose à se reprocher. Pas étonnant donc que l’on retrouve cet argument dans la bouche de ceux qui tentent de justifier les contrôles au faciès, les violences policières ou même les crimes policiers. Mais ce que ça dit surtout, et c’est là le vrai cœur du sujet, c’est la déshumanisation des populations visées par ces pratiques. La criminalisation systématique des quartiers populaires, et a fortiori des non-blancs y vivant, permet de justifier des traitements d’exception, aussi inhumains soient-ils.
En réalité, l’innocence de Théo ne devrait même pas être un sujet. Rien, absolument rien, ne justifie qu’une matraque finisse enfoncée dans l’anus d’une personne contrôlée. Rien ne justifie qu’il soit tabassé au point d’en avoir le visage tuméfié. Comme rien ne justifiait que Lamine Dieng ou Adama Traoré soient asphyxiés ou que Wissam El Yamni meurent sous les coups de policiers. N’en déplaise aux nostalgiques de la colonisation, aux dernières nouvelles, les actes de torture et la peine de mort étaient encore interdits dans ce pays.
Bref, Théo aurait pu avoir été pris en flagrant délit de vol, d’agression, ou autre, que ça n’aurait rien changé. Et cette précision est aussi valable pour celles et ceux qui, avec de bonnes intentions, expliquent que « Théo ne méritait pas ça ». Bien sûr qu’il ne méritait pas ça. Personne ne le « mérite ».

« Il n’avait pas qu’à s’opposer/fuir le contrôle. »

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