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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

France: terre d’accueil ? 2/2 (Olivier Le Cour Grandmaison)

30 Novembre 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Étrangers et immigrés, #Réfugiés et droit d'asile

«Nul ne peut être lésé, dans son travail (…), en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.» (Constitution de la Quatrième République.) Pourtant, les discriminations, frappant les «immigrés» nord-africains après 1945, furent systémiques. Les divers adeptes du grand roman national n’ont de cesse de nier ou d’euphémiser cette réalité. France: terre d’accueil ? Suite et fin de l’analyse de Olivier Le Grandmaison

« L’égalité de tous les citoyens devant la loi, qui est le principe de base de notre Constitution, n’a jamais été pratiquée. (…) Dans les domaines politique et économique, la discrimination n’a cessé de jouer au bénéfice des Français et au détriment des musulmans. » H. Frenay et M. Rocard (1957)

8 mai 1945 ; la métropole est libre. Cinq mois plus tard, la Constitution de la Quatrième République est approuvée par référendum. « Le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés, » lit-on dans le préambule. Deux passages inédits y sont introduits. Le premier est ainsi rédigé : « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République. »(Souligné par nous). Louable législateur qui a pris soin de spécifier qu’il s’agit d’une prérogative, ce qui peut s’interpréter ainsi : une obligation de protection pèse désormais sur l’Etat. Recul en fait par rapport au projet d’avril 1946 qui établissait - art. 6. – le principe général suivant : « tout homme persécuté en violation » de la « présente déclaration » a « droit d’asile. » Subtile involution. Les membres de l’Assemblée constituante ont-ils pris peur devant leurs audaces initiales ? Sans doute. Le second passage comporte ces précisions : « nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. » Admirable.

Peu après, les responsables politiques et la majorité de la gent historienne forgent le mythe résistancialiste qui va bientôt s’imposer. La collaboration ? Une entreprise détestable conduite par une minorité d’égarés vendus à une puissance ennemie, et étrangers à la glorieuse tradition française, bien sûr. Le régime dictatorial, antisémite, xénophobe et pro-allemand du maréchal Pétain ? Une sinistre mais courte parenthèse désormais close grâce du rétablissement des institutions républicaines dont les valeurs viennent d’être proclamées avec la solennité qui sied à la fondation du nouveau régime. De nouveau également, la France terre d’accueil peut rayonner en offrant aux victimes de persécutions sa protection généreuse, et aux immigrés d’où qu’ils viennent la possibilité d’échapper à la pauvreté en commençant une vie nouvelle. En 1972, l’historien Alphonse Dupront, encore lui, écrit: « ce pays est très peu “raciste” » car « l’histoire du “faire” national français est geste d’élection d’universel. » Sublimité hexagonale et mythologie ronflante parées des atours de la science historique auxquels l’Académie apporte une caution que les Immortels croient prestigieuse.

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