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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

A propos de la résolution de l'UNESCO sur Jérusalem (AFPS, UJFP et AMP)

18 Octobre 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Jérusalem, #Palestine Nations Unies

A propos de la résolution de l'UNESCO sur Jérusalem (AFPS, UJFP et AMP)

Le vote par l’Unesco de nouvelles décisions sur le patrimoine palestinien provoque les protestations outrées d’Israël qui se dit victime de négationnisme et annonce son retrait de cet organe de l’ONU.

La raison ? La première de ces décisions nierait tout lien entre Jérusalem Est et le judaïsme en utilisant exclusivement des « dénominations musulmanes ». Lecture spécieuse d’un texte qui a le défaut majeur de ne pas accepter les faits accomplis sur le terrain par Israël, puissance occupante, mais affirme d’emblée « l’importance de la Vieille Ville de Jérusalem et de ses remparts pour les trois religions monothéistes ». Quant aux « termes musulmans », ce sont les termes arabes utilisés par les Jérusalémites, qu’ils soient musulmans ou chrétiens pour désigner les « lieux saints », même si dans leur volonté de rectification du vocabulaire, les Israéliens se refusent à les utiliser en arabe.

Ce texte a surtout l’immense défaut de recenser la liste des faits accomplis par l’administration israélienne pour mettre en cause le statu quo sur l’esplanade des mosquées et le caractère palestinien de Jérusalem Est. L’autre texte plus global, pointe précisément les conséquences de l’occupation sur les terres arabes occupées de Palestine et du Golan du point de vue éducatif et culturel.

La « colère » des dirigeants israéliens traduit donc simplement le fait qu’il leur faut absolument masquer la politique de colonisation et de nettoyage ethnique en cours à Jérusalem. Ils ne supportent pas de se voir rappeler le droit… et que l’annexion de Jérusalem-Est est nulle et non avenue selon les termes de la résolution 478 du Conseil de sécurité.

Il est par contre inquiétant de voir de grands pays européens s’opposer à ces décisions, et la France se réfugier dans l’abstention alors que certaines de ses entreprises sont directement impliquées dans des infrastructures de transport au service de la colonisation.

Cela a de quoi sérieusement interroger sur le contenu de ses prochaines initiatives diplomatiques.

Le Bureau national

UNESCO : une résolution qui dérange l’ordre du plus fort

L’UNESCO vient de rendre publique une résolution sur la réalité de la situation politique de la vieille ville de Jérusalem occupée, peu de temps après les obsèques de Shimon Pérès où nous avions vu tous les dirigeants des pays occidentaux se précipiter à Jérusalem comme si de rien n’était...

Rapport accablant qui décrit avec une précision scientifique la politique israélienne de destruction systématique du patrimoine archéologique et spirituel musulman de Jérusalem, des deux côtés des remparts de la vieille ville, le transfert illicite de propriété des biens culturels musulmans - tous inscrits au patrimoine de l’Humanité - au mépris des textes internationaux et des multiples conventions internationales portant sur la protection les biens culturels des peuples sous occupation, au mépris aussi du statut juridique de Jérusalem tel qu’il est défini par les Nations Unies.

Rapport accablant qui nomme, un point après l’autre, les causes de ce désastre : occupation, illégalité des travaux entrepris, obstruction face à toutes les tentatives de sauvegarde de ces biens précieux de l’Humanité, transfert de propriété illégale, constructions multiples et illégales.

Sans oublier les responsabilités des entreprises internationales qui participent à ce désastre tels les constructeurs français du tramway de Jérusalem.

Alors même que cette résolution fait explicitement référence (point 3) aux résolutions pertinentes de l’ONU sur le statut juridique de Jérusalem, les dirigeants politiques israéliens crient au « négationnisme » qui « décapite la mémoire du peuple juif », rien que cela !

Ils se retirent de cette instance de l’ONU faute de pouvoir lui déclarer la guerre et bombarder ses bâtiments comme ils le font régulièrement à Gaza.

En réalité, c’est l’aveu de leur rage d’être remis à leur place exacte devant la vérité de ce qui se passe dans la ville de Jérusalem vandalisée et annexée par la force.

Jérusalem a toujours été la ville des musulmans, des chrétiens, des juifs et des non-croyants. Tous ont cohabité dans cette ville pendant des siècles. Retour ligne automatique
Les négationnistes, ce sont ceux qui nient l’existence, l’histoire, la mémoire et la dignité du peuple palestinien. Ce sont ceux qui décrètent que Jérusalem est, et a toujours été, uniquement juive, ce qui est un mensonge historique flagrant. Ce sont ceux qui ont expulsé dès 1967 plusieurs milliers de Palestiniens de la vieille ville, vivant près du mur des Lamentations (c’est à Jérusalem qu’a été créée la première colonie). Ce sont ceux qui creusent des tunnels sous l’esplanade des mosquées. Ce sont ceux qui détruisent des maisons à Silwan et expulsent des milliers d’habitants de ce quartier de Jérusalem-Est parce qu’ils affirment, contre toute réalité historique, que le roi David a vécu là. Ce sont ceux qui ont transformé les principaux vestiges historiques palestiniens (Qumran, Hérodion) en parcs nationaux israéliens.

L’UJFP est consternée et scandalisée par les revirements du gouvernement français, le vote de notre pays ayant d’abord été favorable, car la résolution n’énonçait que des vérités au regard du droit international, avant de se réfugier dans une abstention (voire l’hypothèse d’un vote carrément hostile) devant la pression et le chantage de son allié israélien.

L’UJFP salue cette résolution courageuse, et ses précieuses recommandations.

Cette résolution dit le droit et ne suit pas la loi du plus fort. Elle doit être comprise par tous les amis du peuple palestinien engagés dans la campagne BDS comme un puissant levier pour amplifier celle-ci. Elle fait comprendre la nature exacte de la politique israélienne (à Jérusalem-Est particulièrement) ainsi que les menaces de guerre que font peser les provocations des juifs religieux extrémistes, soutenus par le gouvernement israélien, qui cherche à provoquer un conflit religieux majeur en s’attaquant à l’esplanade des mosquées.

Le Bureau National de l’UJFP, Le 17 octobre 2016

Par Charlotte Silver, 15 octobre 2016

 

Devant le Dôme du Rocher, un Palestinien brandit des munitions tirées par les forces d’occupation israéliennes sur le site de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, le 26 juin, pendant le mois de jeûne du Ramadan. Mahfouz Abu Turk APA images

Israël a suspendu sa coopération avec l’UNESCO vendredi, après l’adoption par l’organisation culturelle et scientifique de l’ONU d’une résolution qui critique fermement les actions agressives d’Israël dans et autour du site de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem Est occupée.

En dépit de l’intense lobbying mené contre la motion par les ambassadeurs d’Israël à travers le monde, la résolution a été votée par 24 voix contre 6 et l’abstention de 26 gouvernements.

Les Etats Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Lituanie, l’Estonie et le pays Bas ont voté contre la résolution, tandis que la Russie et la Chine l’ont soutenue.

Les responsables du gouvernement israélien ont prétendu que la motion déniait aux Juifs une connexion avec ce site historique, où se trouve le Mur Occidental, même si la motion ne comporte aucun terme suggérant un tel déni.

Les intentions d’Israël semblent être de vouloir affirmer sa souveraineté sur le site.

De façon significative, les efforts d’Israël pour obtenir un ancrage symbolique, et peut-être juridique, sur le site, grâce à des résolutions de l’ONU, se produisent alors que des associations qui appellent à la destruction de la mosquée al-Aqsa et à son remplacement par un Temple juif intensifient leurs efforts, souvent avec le financement et le soutien du gouvernement israélien.

Des critiques ont fait ressortir que la référence exclusive de la motion à ce site sous le nom de « mosquée al-Aqsa/al-Haram al-Sharif » ressemblait à une preuve que la résolution dénie aux Juifs toute connexion ou vénération des Juifs pour ce site, que les Juifs appellent Mont du Temple.

En avril, l’UNESCO a voté une résolution similaire qui a subi une critique presque identique.

La France a voté en faveur de cette résolution, mais a par la suite désavoué son soutien après que le Premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu ait écrit une lettre de protestation au président français François Hollande.

Dénonciation d’actions illégales, pas déni des liens

En réalité, la résolution votée par l’UNESCO affirme « l’importance de la Vieille Ville de Jérusalem et de ses Murs pour les trois religions monothéistes », tout en demandant à Israël de restaurer le statu quo historique du site de la mosquée al-Aqsa en rendant sa pleine autorité au Waqf jordanien – institution qui l’a géré.

Jusqu’à l’explosion de la deuxième Intifada en 2000, le Waqf jordanien a entièrement assumé l’entretien et le contrôle du site sacré.

Alors que le site lui-même est toujours sous l’autorité du Waqf, son périmètre est sous contrôle israélien, et les forces israéliennes y font de fréquentes incursions.

Alors qu’il entreprend autour du site des projets de développement et des projets archéologiques qui menacent les fondations d’al-Aqsa, Israël restreint sévèrement l’accès des Musulmans au site sacré.

La résolution condamne « l’escalade des agressions israéliennes et les mesures illégales contre le [Waqf] et son personnel, et contre la liberté de culte et l’accès des Musulmans à leur site sacré de la mosquée al-Aqsa /al-Haram al-Sharif, et demande à Israël, puissance occupante, de respecter le statu quo historique et de mettre immédiatement fin à ces démarches ».

Elle dénonce aussi les fouilles et les démolitions de structures anciennes dans et autour de la Vieille Ville, l’irruption sur le site d’extrémistes de droite et de forces armées, les dégâts sur les bâtiments par les forces israéliennes et les entraves aux rénovations nécessaires.

La résolution critique les projets israéliens de construction d’un téléphérique à Jérusalem Est et du prétendu Kedem Center dans le quartier palestinien de Silwan.

Le vote de l’UNESCO arrive à  un moment où Israël a soutenu une forte avancée de l’activité coloniale privée au coeur de Jérusalem Est occupée.

De nouvelles données montrent que le nombre de colons juifs dans la zone qui entoure le site d’al-Aqsa a augmenté de 70 % depuis 2009. Au cours de la même période, selon l’organisation non-gouvernementale israélienne Ir Amim, 60 familles palestiniennes ont été expulsées, dont 55 pendant les seules deux dernières années.

Manoeuvre israélienne

Netanyahu a conduit le choeur de la condamnation de la résolution.

« Dire qu’Israël n’a aucune connexion avec le Mont du Temple et le Mur Occidental, c’est comme dire que la Chine n’a aucune connexion avec la Grande Muraille et que l’Egypte n’a aucune connexion avec les Pyramides », a dit Netanyahu jeudi dernier.

Le choix des mots par Netanyahu est significatif : il affirme que l’État d’Israël, plutôt que la religion juive, a une « connexion » avec ces sites, qui se trouvent en Cisjordanie occupée.

Obtenir qu’un telle « connexion » figure dans les résolutions de l’ONU procurerait à Israël une avancée dans l’affirmation de sa souveraineté sur ces sites.

Isaac Herzog, leader de l’opposition israélienne, a dit : « Quiconque veut réécrire l’histoire, dénaturer les  faits, et entièrement fabriquer le fantasme selon lequel le Mur Occidental et le Mont du Temple n’auraient aucune connexion avec le peuple juif, raconte un mensonge terrible qui ne sert qu’à accroître la haine. »

Prenant appui sur la manoeuvre du gouvernement, les défenseurs d’Israël ont perpétué l’idée que la motion était une attaque contre la vénération des Juifs pour le site.Le journal de Tel Aviv Haaretz a rédigé un reportage avec un titre grossièrement trompeur disant que « l’UNESCO défend une motion qui déclare nuls les liens des Juifs avec le Mont du Temple ».

Yair Rosenberg de Tablet Magazine a décrit la motion de l’UNESCO comme « une résolution outrageusement antisémite qui gomme les liens des Juifs avec le Mont du Temple de Jérusalem, lieu le plus saint du judaïsme ».

« Effacer la connexion des Juifs avec Jérusalem, c’est nier l’héritage culturel même de Jérusalem », a dit la Ligue Anti-diffamation basée aux Etat Unis.

Et même la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a elle aussi ajouté à la critique, déclarant : « Différentes populations vénèrent les mêmes lieux, parfois sous différents noms. La reconnaissance, l’utilisation et le respect de ces noms sont absolument essentiels. »

La colère contre la résolution a même rejoint la campagne présidentielle américaine où, et Donald Trump et Hilary Clinton ont prononcé de violentes condamnations.

L’Autorité Palestinienne a émis un communiqué accueillant avec plaisir la résolution qui a été cautionnée par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, le Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan, disant que la décision de l’adopter reflétait « la poursuite de l’engagement de la majorité des Etats membres à combattre l’impunité et à faire observer les principes sur lesquels l’UNESCO a été créée ».

Ali Abunimah a contribué à la rédaction de cet article.

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

Source: Electronic Intifada

 

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