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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Mélenchon et le "récit national" (Roger Martelli)

5 Octobre 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Politique française

Jean-Luc Mélenchon veut relever le gant de l’identité nationale. Ce débat est l’apanage d’une droite radicalisée. Il faut en prendre acte, non pour débattre avec elle, mais pour récuser son parti pris. Sous peine de perdre, dans l’engrenage, plus que le doigt.

En 2007, le président de la République élu depuis peu, Nicolas Sarkozy, a décidé qu’il y avait urgence à débattre de "l’identité française". Il ne l’a pas voulu par hasard. Officiellement, il le faisait pour faire pièce au Front national. « Je ne veux pas, disait-il dès mars 2007, avant même son élection, laisser le monopole de la nation à l’extrême droite. Je veux parler de la nation française, parce que je n’accepte pas l’image qu’en donne Jean-Marie Le Pen. »

Un débat frelaté

En fait, le débat sur l’identité française n’a été rien d’autre qu’un pivot de recoupement pour la droite parlementaire et l’extrême droite, autour de la peur du chaos culturel et de l’identité menacée. Elle était une manière de dire qu’il fallait choisir entre l’intégration vertueuse par l’ordre et la tradition d’un côté et, de l’autre côté, l’éparpillement culturel, source de faiblesse et de déclin national. Parler de l’identité française, c’était introduire et imposer une vision plus présentable et plus populaire de la thématique générale de l’identité et de la peur de ne plus être chez soi qui, depuis près de trente ans, sont le terreau symbolique du Front national.

À l’époque, la tentative officielle a fait fiasco. Elle ne manquait pourtant pas de soutiens dans le monde intellectuel. Par exemple, Dominique Schnapper, qui est connue pour ses travaux sur la "nation citoyenne", a jugé très sain le regain d’intérêt pour le fait national. Elle y voyait une réponse naturelle aux incertitudes provoquées tout à la fois par les déboires de la construction européenne, les désordres de la mondialisation et ce qu’elle appelait « les excès de la démocratie extrême ». L’identification nationale était ainsi, pour elle, un remède au mal-être de citoyens déboussolés dans une démocratie sans autorité. Quand on ne sait plus très bien où va le monde, il reste les ressources rassurantes de l’ancrage national et la certitude que le collectif des nationaux s’appuie bien sur une identité multiséculaire.

En 2007-2008, une grande part de l’intelligentsia française n’est pas tombée dans le piège. Parce que la plupart des chercheurs savent que le discours sur l’identité est un piège. Il est vrai que la droite n’a pas toujours eu le monopole absolu de cette thématique. La IIIe République, modérée ou radicale, a été tentée par la production d’un "récit national" vantant les mérites de la belle terre de France. En ces temps-là, la France était un empire colonial et rêvait passionnément à la "Revanche" contre le Prussien détesté et spoliateur. Or la base de cet "esprit national" était redoutable par ses ambiguïtés.

"L’identité française" n’existe pas

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