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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Quel internationalisme dans le contexte de la crise ukrainienne ? (Catherine Samary)

20 Septembre 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Europe, #Russie, #Ukraine

Nul doute que les Etats-Unis se sont saisis de la crise yougoslave pour maintenir et relancer l’OTAN quand elle aurait du être dissoute en 1991 en même temps que le Pacte de Varsovie. On ne peut non plus douter du fait que Washington s’efforçait de propulser une forme de gestion “euro-atlantique” des conflits balkaniques. C’est pourquoi les internationalistes devaient se mobiliser contre les bombardements “humanitaires” de l’OTAN. Mais en même temps, n’était-il pas nécessaire de dénoncer la politique “grand’serbe”, en particulier sur l’enjeu concret du Kosovo, tout en combattant les positions “anti-Serbes” ? Est-ce que la question nationale albanaise était simplement une “création impérialiste” ? Et est-ce que le fait que le “Parti socialiste” de Milosevic avait noué une alliance organique avec les partis et milices nationalistes grand-serbes était un enjeu secondaire ?

Le profil affiché par Milosevic pendant son procès ne fut aucunement socialiste et/ou anti-impérialiste : son argument était que les puissances occidentales qui l’avaient attaqué s’étaient trompé sur qui était leur “véritable ennemi” – l’islamisme, censé être la menace réelle en Bosnie et au Kosovo. Il n’y avait rien d’anti-impérialiste dans tout cela. Et en pratique, nous ne pouvions mobiliser (en France, notamment) contre l’OTAN sans mettre en avant un slogan à trois dimensions, ajoutant au “ni l’OTAN, ni Milosevic” un soutien au droit des peuples (kosovars) à l’auto-détermination. Ce troisième axe exprimait une résistance potentielle au type de “soutien” que l’OTAN apportait à la cause albanaise, qui ne pouvait que prendre la forme d’un “protectorat” impérialiste. Mais cette formule indiquait aussi une opposition globale à toutes les formes de dominations (impérialistes ou autres, sans mettre de “symétrie” entre elles [1] ; et elle était également cohérente avec un jugement programmatique et politique : il existait une vraie question nationale albanaise non résolue. La manière de la traiter d’un point de vue socialiste et internationaliste ne pouvait que relever d’une procédure démocratique quant aux “solutions” – qu’il ne fallait pas assimiler à des Etats-nations “ethniquement purs”. Ni la politique grand-serbe, ni l’OTAN ne pouvait tolérer une telle procédure. Et c’est aussi pourquoi rien n’a été stabilisé au Kosovo jusqu’à ce jour.

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