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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Mort de Shimon Peres : d'abord la vérité !!

30 Septembre 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Israël et le sionisme

Avec Shimon Peres disparaît l'un des fondateurs de l'Etat d'Israël, un des principaux dirigeants du parti travailliste qui occupa de nombreuses fonctions ministérielles, devint 1er ministre et président.

Au lendemain de son décès, c'est à une avalanche de louanges de la part de tous les dirigeants au niveau international à laquelle nous assistons. Il était serait devenu une colombe ! C’est un travestissement de la réalité

Il reçut le prix Nobel de la Paix pour son action en faveur des accords d'Oslo en 1993 qui, pour la première fois, reconnaissait le peuple palestinien comme interlocuteur et son droit à un territoire ce qui aurait pu être un pas en avant dans la voie de la Paix mais a été l’instrument du fractionnement de la Cisjordanie et de la politique du fait accompli colonial.

Cela est en cohérence avec le parcours de celui qui avait été le principal artisan de l'acquisition de l'arme nucléaire et du programme nucléaire israélien. Sa responsabilité de 1er ministre est engagée dans le bombardement du village de Cana en 1996 tuant 106 civils, ce qui est constitutif d'un crime de guerre. Après l'assassinat dYitzak Rabin en 1995, il abandonna le processus de paix et rallia Ariel Sharon, adversaire déclaré des accords d'Oslo.

Et il approuva tout la politique de blocus de Gaza allant jusqu'à soutenir l'opération « Plomb durci » et les bombardements meurtriers de la bande de Gaza.

Aujourd'hui, l'extrême-droite est au pouvoir avec B. Netanyahou, la colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie est sans cesse en expansion, la bande de Gaza reste une prison à ciel ouvert.

Plus que jamais nous devons agir pour une paix digne et durable incluant la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien avec la continuité territoriale et le droit au retour des réfugiés.

Pour cela il faut faire pressions sur toutes les autorités politiques et poursuivre la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions d’Israël https://www.bdsfrance.org/ ) et soutenir le CNPJDPI (Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens http://cnpjdpi.org/ ) pour agir contre les exactions de l'Etat d'Israël.

Le 29 septembre 2016.

Les colombes sont mortes depuis longtemps en Israël

Bruxelles, le 28 septembre 2016

Ce mercredi 28 septembre, et les jours d’après l’annonce de sa mort, on ne cessera de dire que l’ancien Premier ministre israélien, Shimon Peres, était un « homme de paix », un «  faucon devenu colombe » et on ajoutera pléthore de considérations faisant miroiter une solution imminente en Palestine. L’Association belgo-palestinienne ne peut souscrire à ces discours qui accompagnent le décès d’un artisan acharné de la répression du peuple palestinien.  

« Faucon  devenu colombe »

Si vous étiez présent à Oslo (ou à Washington, pour la photo de famille) vous voilà aussitôt et définitivement bombardé «  homme de paix ». C’est ce que nous serine la presse internationale ce 28 septembre. « Faucon » est pourtant un mot faible pour qualifier le passé du Shimon Peres d’avant Oslo: membre de la Haganah, la milice juive responsable entre 1947 et 1949 du nettoyage ethnique des villages palestiniens devenus  le territoire d’Israël, soutien au régime d’apartheid sud-africain auquel il était prêt à fournir des ogives nucléaires, enlèvement et torture du dissident anti-nucléaire Mordechaï Vanunu, soutien à la colonisation de la  Cisjordanie, etc. Quant à l’épithète de « colombe »  pour qualifier l’homme ces  deux dernières décennies, elle pose question. En effet, en 1996, quelques années à peine après avoir signé les accords d’Oslo, ce qui lui a valu d’obtenir le « Prix Nobel de la Paix », il déclenchait l’opération « Raisins de la colère » au Sud-Liban et ordonnait le bombardement du village de Cana au Liban, provoquant la mort de 154 personnes.

Comme le résumait il y a quelques années le mouvement israélien «  Boycott from within »: « Monsieur Peres a été membre de multiples gouvernements israéliens – en même temps qu’un de leurs plus importants propagandistes – qui ont utilisé des munitions à fragmentation, des obus d’artillerie à fléchettes et des bombes au phosphore blanc dans des zones civiles à forte densité de population, à Gaza et au Liban. Des gouvernements qui ont également accru le nombre de colonies dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO) et imposé, dans ces mêmes TPO, des systèmes de lois séparés pour les colons israéliens et pour leurs voisins palestiniens. » 

Sur le terrain, pas la moindre colombe depuis des décennies : 49 ans d’occupation illégale du point de vue du droit international, des décennies de répressions violentes, l’installation d’un régime d’apartheid sans pareil dans le monde, le dé-développement économique de la Palestine, la destruction physique et intellectuelle de la société palestinienne.  La seule colombe dans le monde politique israélien sera celle qui mettra fin à ces décennies d’injustices….pas celle pour qui la paix a toujours signifié la pacification coloniale.

Shimon Peres du point de vue de ses victimes

Les nécrologies de Shimon Peres ont déjà été publiées, préparées sans aucun doute à l’avance, dès que la nouvelle de son hospitalisation est parue dans les médias.

Le verdict sur sa vie est très clair et a déjà été prononcé par le président américain Barack Obama : Peres était un homme qui a changé le cours de l’histoire humaine dans sa recherche incessante pour la paix au Moyen-Orient.

Mon intuition est que très peu des nécrologies examineront la vie et les activités de Peres du point de vue des victimes du sionisme et d’Israël.

Il a occupé de nombreux postes en politique, postes qui ont eu un impact immense sur les Palestinien-ne-s où qu’elles et ils soient. Il a été directeur général du ministère israélien de la Défense, ministre de la Défense, ministre du développement de la Galilée et du Néguev (Naqab), Premier ministre et Président.

Dans tous ces rôles, les décisions qu’il a prises et les politiques qu’il a poursuivies ont contribué à la destruction du peuple palestinien et n’ont rien fait pour faire avancer la cause de la paix et de la réconciliation entre Palestiniens et Israéliens.

Né Szymon Perski en 1923, dans une ville qui faisait alors partie de la Pologne, Peres a émigré en Palestine en 1934. Adolescent dans une école d’agriculture, il est devenu actif en politique au sein du mouvement travailliste sioniste qui a dirigé le sionisme, et plus tard le jeune Etat d’Israël.

Figure dominante des cadres du mouvement de jeunesse, Peres a attiré l’attention du haut commandement de la force paramilitaire juive de la Palestine sous mandat britannique, la Haganah.

Bombe nucléaire

En 1947, Peres a été pleinement recruté par l’organisation et envoyé à l’étranger par son leader, David Ben Gourion, pour acheter des armes qui ont ensuite été utilisées lors de la Nakba de 1948, le nettoyage ethnique des Palestinien-ne-s, et contre les contingents arabes qui sont entrés en Palestine cette même année.

Après quelques années à l’étranger, principalement aux États-Unis où il était occupé à acheter des armes et à construire l’infrastructure pour l’industrie militaire israélienne, il est rentré pour devenir directeur général du ministère de la Défense.

Peres était actif dans l’établissement de l’entente entre Israël, le Royaume-Uni, et la France, pour envahir l’Egypte en 1956, invasion pour laquelle Israël a été récompensé par la France avec la capacité nécessaire pour construire des armes nucléaires.

En effet, c’était Peres lui-même qui a supervisé en grande partie le programme clandestin d’armement nucléaire d’Israël.

Le zèle que Peres a montré sous la direction et l’inspiration de Ben Gourion pour judaïser la Galilée n’était pas moins important. Malgré le nettoyage ethnique de 1948, cette partie d’Israël faisait encore très campagne et paysage palestiniens.

Peres était derrière l’idée de confisquer des terres palestiniennes dans le but de construire des villes juives exclusives comme Karmiel et Haute Nazareth, et de baser l’armée dans la région de manière à perturber la continuité territoriale entre les villes et villages palestiniens.

Cette ruine de la campagne palestinienne a conduit à la disparition des villages palestiniens traditionnels, et à la transformation des agriculteurs en une classe ouvrière urbaine sous-employée et défavorisée. Cette triste réalité est toujours d’actualité.

Le champion des colons

Peres a disparu un certain temps de la scène politique lorsque son maître Ben Gourion, le tout premier Premier ministre d’Israël, a été poussé vers la sortie en 1963 par une nouvelle génération de dirigeants.

Il est revenu après la guerre de 1967, et le premier portefeuille ministériel qu’il a occupé était celui de responsable des territoires occupés. Dans ce rôle, il a légitimé, très souvent de façon rétroactive, la course à la colonisation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Comme beaucoup d’entre nous réalisent aujourd’hui, au moment où le parti Likoud pro-colonisation est arrivé au pouvoir en 1977, l’infrastructure des colonies juives, notamment en Cisjordanie, avait déjà rendu impossible une solution à deux Etats.

En 1974, la carrière politique de Peres est devenue intimement liée à celle de son ennemi juré, Yitzhak Rabin. Les deux hommes politiques, qui ne pouvaient pas se supporter, ont dû travailler en tandem pour des raisons de survie politique.

Cependant, sur la stratégie d’Israël envers les Palestinien-ne-s, ils ont partagé la perspective coloniale sioniste, convoitant autant de terres de Palestine que possible avec le minimum de Palestinien-ne-s que possible.

Ils ont bien travaillé ensemble pour réprimer brutalement le soulèvement palestinien qui a commencé en 1987.

Le premier rôle de Peres dans ce partenariat difficile a été celui de ministre de la Défense dans le gouvernement Rabin de 1974. La première véritable crise à laquelle a du faire face Peres était une expansion majeure du mouvement colonial messianique Gush Emunim dans ses efforts de colonisation dans et autour de la ville de Naplouse, en Cisjordanie.

Rabin s’est opposé aux nouvelles colonies, mais Peres se tenait aux côtes des colons. Les colonies qui désormais étranglent Naplouse sont là grâce à ses efforts.

En 1976, Peres a dirigé la politique gouvernementale en direction des territoires occupés, convaincu qu’un accord pourrait être trouvé avec la Jordanie, par lequel la Cisjordanie serait sous compétence jordanienne tout en restant sous domination effective israélienne.

Il a initié des élections municipales en Cisjordanie, mais à sa grande surprise et déception, les candidats liés à l’Organisation de libération de la Palestine ont été élus, et non ceux fidèles à la monarchie hachémite en Jordanie.

Mais Peres est resté fidèle à ce qu’il a appelé l’ « option jordanienne » quand il était leader de l’opposition après 1977, puis quand il est revenu au pouvoir au sein de la coalition avec le Likoud entre 1984-1988. Il a poussé les négociations sur cette base jusqu’à la décision en 1988 du roi Hussein de cesser tout lien politique entre la Jordanie et la Cisjordanie.

Le visage international d’Israël

Les années 1990 ont exposé au monde un Peres plus mature et cohérent. Il était le visage international d’Israël, que ce soit au gouvernement ou à l’international. Il a joué ce rôle même après que le Likoud soit devenu la principale force politique du pays.

Au pouvoir dans le gouvernement Rabin au début des années 1990, puis comme Premier ministre après l’assassinat de Rabin en 1995, puis en tant que ministre dans le cabinet d’Ehud Barak entre 1999 et 2001, Peres a mis en avant un nouveau concept pour ce qu’il appelait la « paix ».

Plutôt que de partager le contrôle en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec la Jordanie ou l’Egypte, il voulait maintenant le faire avec l’Organisation de libération de la Palestine. L’idée a été acceptée par le chef de l’OLP, Yasser Arafat, qui avait espéré bâtir dessus un nouveau projet pour la libération de la Palestine.

Comme il était inscrit dans les accords d’Oslo de 1993, ce concept a été approuvé avec enthousiasme par les alliés internationaux d’Israël.

Peres a été le principal ambassadeur de cette mascarade de processus de paix, qui a fourni un parapluie international à Israël pour établir une politique du fait accompli sur le terrain, permettant de créer un plus grand apartheid israélien avec de petits bantoustans palestiniens dispersés en son sein.

Le fait qu’il ait gagné un prix Nobel de la paix pour un processus qui a accéléré la ruine de la Palestine et de son peuple, est un nouveau témoignage de l’incompréhension, du cynisme et de l’apathie des gouvernements du monde entier envers la souffrance palestinienne.

Nous sommes chanceux de vivre à une époque où la société civile internationale a exposé cette mascarade et a offert, à travers le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions, ainsi que le soutien croissant pour une solution à un Etat, un chemin à terme plus encourageant et authentique.

Cana

En tant que Premier ministre, Peres avait une « contribution » supplémentaire à apporter à l’histoire de la souffrance palestinienne et libanaise.

En réponse aux escarmouches sans fin entre le Hezbollah et l’armée israélienne dans le sud du Liban, où le Hezbollah et d’autres groupes ont résisté à l’occupation israélienne qui a commencé en 1982 pour prendre fin en 2000, Peres avait ordonné le bombardement de toute la région en avril 1996.

Pendant ce qu’Israël a appelé l’opération « Raisins de la colère », les bombardements israéliens ont tué plus de 100 personnes – des civils fuyant les bombardements et des Casques bleus des Fidji – près du village de Cana.

Malgré une enquête des Nations unies qui a trouvé « peu probable » l’explication d’Israël selon laquelle le bombardement était un accident, le massacre n’a en rien écorné la réputation internationale de Peres comme étant un « artisan de la paix ».

Au cours de ce siècle, Peres était plus une figure de proue symbolique qu’un homme politique actif. Il a fondé le Centre Peres pour la paix, construit sur une propriété de réfugié-e-s palestinien-ne-s confisquée à Jaffa, et qui continue de vendre l’idée d’un « Etat » palestinien avec peu de terre, d’indépendance ou de souveraineté, comme la meilleure solution possible.

Cela ne marchera jamais, mais si le monde continue d’être accroché à cet héritage de Peres, il n’y aura pas de fin à la souffrance des Palestinien-ne-s.

Shimon Peres a symbolisé l’embellissement du sionisme, mais les faits sur le terrain mettent à nu son rôle dans la perpétration de tant de souffrances et de conflits. Connaître la vérité, au moins, nous aide à comprendre comment aller de l’avant et défaire tant d’injustices que Peres a contribué à créer.

Source : Electronic Intifada.
Traduit de l’anglais par SB, pour Etat d’Exception.

Shimon Peres : un infatigable manipulateur

jeudi 29 septembre 2016 par Michel Warschawski

Après la mort de Shimon Peres, Siné Mensuel a publié ce texte de Michel Warschawski, son correspondant en Israël :

"Un infatigable manipulateur"

Le monde entier le célèbre, on parle de lui comme un saint ou, pour le moins, un Nelson Mandela. Pourtant, pendant un demi-siècle, Peres a été le mal-aimé de la politique d’Israël. « Comment la punaise est arrivée au sommet ? » chantait-on déjà dans les années soixante, exprimant là le mépris des élites israéliennes envers celui qui ne faisait pas partie du sérail : il n’avait pas grandi au kibboutz, ni participé aux aventures guerrières des commandos du Palmach. Jusqu’à aujourd’hui son accent trahit son extériorité à ceux qui ont façonné l’État hébreu à leur sale image. Disons-le clairement, Peres n’a pas volé l’image négative qui l’a accompagnée tout au long de sa carrière : aucun politicien israélien n’a su être aussi opportuniste que lui, et faire de la trahison un art. « Infatigable manipulateur », c’est ainsi que le décrit dans ses mémoires Yitzhak Rabin, qui l’a côtoyé pendant de longues années à la tête du Parti travailliste. Il a même trahi son mentor David Ben Gourion, quand il décidait de quitter le parti Rafi, réalisant que, malgré l’aura de son chef, cette formation dont il avait été à l’initiative, s’avérait incapable de mettre fin à l’hégémonie travailliste. Ayant repris sa place à la direction travailliste, il quitte à nouveau ce parti pour le Qadima d’Ariel Sharon, qu’il abandonnera dès qu’il a senti le naufrage proche. Mais sa plus grande trahison a, sans aucun doute, été la trahison de Yasser Arafat qu’il avait convaincu de s’impliquer à fond dans le processus d’Oslo… que Peres sabote après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, n’ayant pas le courage de confronter ceux qui, en tuant le Premier ministre, mettaient définitivement fin audit processus de paix. Shimon Peres est le seul politicien israélien de premier plan qui n’a jamais été élu par le peuple, gagnant ses galons (ministre des Affaires étrangères, ministre de la Défense, Premier ministre puis finalement président de l’État) dans des batailles d’appareil. Les médias locaux et internationaux font déjà le bilan de l’action politique de Shimon Peres : comme directeur général du ministère de la Défense, dans les années soixante, il est non seulement à l’origine du nucléaire israélien, mais de la transformation de Tsahal en armée moderne et performante. C’est d’ailleurs grâce à ses liens étroits avec le Parti socialiste de Guy Mollet qu’il a pu faire de l’État d’Israël une puissance militaire, symbolisée par les Mirage des entreprises Dassault et leurs performances en juin 1967. Peu d’eulogies par contre ne mentionneront le massacre de Kana au Liban en 1996, préférant s’étendre sur le prix Nobel de la Paix, reçu pour son rôle dans les accords d’Oslo… qu’il sabotera trois ans plus tard. À son crédit, on doit reconnaître que la biographie de Peres n’est pas entachée d’affaires de corruption, de viols ou de harcèlements sexuels, ce qui tranche nettement avec la classe politique israélienne d’aujourd’hui. Ceci dit, et en dépit des couronnes de lauriers qu’on lui tresse aujourd’hui aux quatre coins du monde, l’ancien président de l’État d’Israël n’aura pas été un grand politique, mais un politicard manipulateur, devenu un des grands maîtres de notre temps dans l’art du mensonge et de la trahison.

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