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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Arrêtés anti-burkini, femmes voilées verbalisées : la laïcité, ultime refuge du raciste (Shlomo Sand)

25 Août 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie, #Laïcité

LE PLUS. Arrêtés anti-burkini, femmes voilées verbalisées... L'été, en France, a été rythmé par d'incessantes polémiques. La France a-t-elle un problème avec l'islam et les musulmans ? "La laïcité, comme autrefois le patriotisme, s’avère, de nos jours, l’ultime refuge de l’infâme", écrit Shlomo Sand, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel-Aviv.

Édité par Sébastien Billard

Pendant des années, le phénomène de la judéophobie en France m’a intrigué. Si j’ai très tôt compris que la France n’a jamais été fasciste ni nazie, il m’était néanmoins difficile d’admettre le fait qu’une culture aussi centrale dans l’ère des Lumières, et qui a donné naissance à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ait pu, en même temps nourrir une si profonde hostilité à l’égard du juif :

"Si on voulait mesurer la force de l’antisémitisme dans un pays à la quantité d’encre répandue à propos des Juifs, c’est sans doute à la France que reviendrait la place, à la fin du XIXe siècle", écrivait, dans les années 1950, l’historien Léon Poliakov.

En France, une judéophobie durable

Pourquoi, en France précisément, la judéophobie a-t-elle revêtu un aspect si profondément durable ? D’aucuns ont tenté de fournir une réponse en faisant porter la culpabilité sur l’intégrisme catholique : les catholiques ont longtemps entretenu une inimitié à l’encontre des descendants des meurtriers du fils de Dieu, immigrés d’Orient, et qui persistaient obstinément à souiller l’intégrité chrétienne de l’Europe.

Dans ce cas, pourquoi la judéophobie est-elle demeurée marginale en Italie, pays de la papauté et patrie du catholicisme ? Et comment se fait-il qu’en Espagne, pays de l’inquisition catholique, la haine des juifs ait connu une dépolitisation aux XIXe et XXe siècles ?

Fourier, l’utopiste, ne s’exprime pas comme croyant catholique quand il écrit :

"La nation juive n’est pas civilisée, elle est patriarcale…et croyant toute fourberie louable, quand il s’agit de tromper ceux qui ne pratiquent pas sa religion."

Lorsque l’historien Jules Michelet rédige son fameux ouvrage "Le Peuple", il prend soin de souligner : "Les Juifs, quoi qu’on en dise, ont une patrie, la bourse de Londres ; ils agissent partout, mais leur racine est au pays de l’or". Il s’exprime alors en tant que patriote laïque par excellence. Quand, en 1847, l’anarchiste Proudhon écrit dans son journal : "Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer", il ne cesse pas, pour autant, de vomir les curés.

Et c’est en tant que démocrate convaincu que Maurice Barrès déclare, en 1902 :

"Assimilés aux Français d’origine par la Révolution française, les juifs ont conservé leurs caractères distinctifs et, de persécutés qu’ils étaient autrefois, ils sont devenus dominateurs."

La crainte de l’autre a marqué l’édification de la nation française

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