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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

De BDS à la CGT : Chronique d’une criminalisation par une politique de la peur (Saïd Bouamama)

7 Juillet 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine BDS

La campagne politique de criminalisation de la CGT et la tentative d’interdire une manifestation syndicale sont des caractéristiques notables de la période. Le principal syndicat ouvrier de France est explicitement accusé par un préfet et implicitement par un ministre de complicité au moins passive avec les dits « casseurs ». La logique en œuvre n’est pas nouvelle. Elle a été largement utilisée par le passé et dans le présent contre les militants et organisations soutenant la lutte du peuple palestinien ou contre des militants et organisations issus de l’immigration. Dans les deux cas il s’agit de produire politiquement et médiatiquement un « ennemi public » autorisant la prise de mesures d’exceptions durables au prétexte de protéger la société et ses « valeurs républicaines».

De l’ennemi civilisationnel…

Les systèmes de domination ont consubstantiellement besoin de susciter la peur et de mettre en scène un péril. Ne pouvant pas se présenter pour ce qu’ils sont, ils sont contraints de se légitimer par cette menace construite de laquelle ils affirment nous préserver. Devant masquer leur violence structurelle et systémique, ils ont besoin d’une figure de la menace pour justifier les répressions contre les résistances à ces violences premières. Au plus la légitimité d’un pouvoir d’État est en difficulté, au plus la production d’un ou de plusieurs ennemis publics est nécessaire. A ce titre la multiplication des discours de désignation des ennemis est un révélateur d’une crise de légitimité.

A l’échelle internationale c’est l’absence de légitimité des nouvelles guerres coloniales pour le pétrole, le gaz et les minerais stratégiques, qui conduit à la production d’un « ennemi civilisationnel » avec la figure du « musulman ». Du Choc des civilisations de Samuel Huntington à l’ « axe du mal » de Georges Bush nous avons la déclinaison du champ théorique au champ de la propagande de ce processus de production d’un ennemi civilisationnel.

Le premier théorise dès les premières lignes de la préface du Choc des civilisations :

« Les conflits entre groupes issus de différentes civilisations sont en passe de devenir la donnée de base de la politique globale. » (1)

Le second traduit cette thèse dans le langage de la propagande :

« Les Etats comme ceux-là [l’Iran et l’Irak], et leurs alliés terroristes, constituent un axe du mal, s’armant pour menacer la paix du monde. » (2)

Le Philosophe Marc Crépon a mis en évidence l’objectif principal de la démonstration « scientifique » d’Huntington : « Savoir de qui nous devons avoir peur » (3)

Une fois l’ennemi désigné, la chaîne des relais visant à transformer cette thèse en « arôme idéologique immédiat », pour reprendre l’expression d’Antonio Gramsci, peut se déployer. Les médias sont, bien entendu, le premier relais de diffusion. Donnons quelques exemples :

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