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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Les identitaires sont-ils vraiment républicains ? (Beligh Nabli)

17 Juin 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Extrême-droite, #Laïcité

La République, c’est une certaine idée de l’universel, de la tolérance, de l’ouverture. L’identité, c’est souvent le repli sur soi, la crispation sur une représentation figée de soi-même et de son histoire. De plus en plus d’intellectuels et d’hommes politiques cherchent pourtant aujourd’hui à cadenasser la première avec la seconde. Dans la «République identitaire» (préfacé par Michel Wieviorka), Beligh Nabli, directeur de recherche à l’IRIS et enseignant à Sciences-po en droit public, analyse ce qui lui semble une dérive dangereuse.

BibliObs. Les gens qui défendent la République pensent qu’elle est faite pour émanciper. Vous écrivez: «La société française est plus multiculturelle que jamais mais demeure enserrée dans un ordre républicain qui se veut unitaire.» Pour vous, elle est donc un corset?

Beligh Nabli. Vivre ensemble suppose des règles, des valeurs et des normes communes: c’est la raison d’être de la Loi de la République, «expression de la volonté générale», celle du «peuple un et souverain». Si l’allégeance à une quelconque communauté infra ou transnationale est impensable, le problème réside dans le fait que les responsables politiques agitent l’épouvantail communautariste tout en nouant des relations étroites avec des représentants de communautés présumées. Pire, certains s’adonnent à des formes de pratiques clientélistes/communautaristes, tout en tenant un discours national-républicain. Le rapport du FN aux harkis est un exemple caractéristique, mais loin d’être isolé.

Je crois aussi dans l’idéal républicain comme projet d’émancipation des individus (porté en particulier par l’école), mais cette promesse républicaine n’est pas tenue pour un trop grand nombre de nos concitoyens... Du reste, la mobilisation qui anime actuellement la Place de la République ouvre la voie à un possible et authentique «Printemps républicain», progressiste et social, rien à voir avec l’appel éponyme d’essence laïco-identitaire lancé par «Marianne», «Causeur» et consorts. Ces derniers sont tenants d’un identitarisme plus réactionnaire que progressiste, dévoyant le principe de laïcité de la loi de 1905 puisque leur objectif consiste à étendre la neutralisation religieuse à l’espace public.

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