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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Joseph Boyden : “Quiconque affirme que la question de la race ne se pose plus ne peut être qu’un Blanc”

6 Juin 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Amériques, #Canada

Il est l’un des plus talentueux écrivains canadiens. Issu d’une double culture, indienne et anglo-saxonne, le formidable conteur a entrepris de rendre justice aux nations premières de son pays. Joseph Boyden est l'invité de “Télérama” cette semaine.

Joseph Boyden s'est imposé comme l’une des voix majeures de la littérature canadienne anglophone. Ecrire l’histoire des communautés indiennes du continent nord-américain, rendre ainsi justice à ces « nations premières » persécutées et niées durant des siècles, c’est ce à quoi s’emploie ce formidable conteur – doublé d’un grand styliste.

Né en 1966 à Toronto, dans le sud de l’Ontario, au sein d’une famille aux racines complexes et savamment enchevêtrées, tant indiennes qu’européennes, Joseph Boyden vit depuis quelques années à La Nouvelle-Orléans.

C’est en France que nous l’avons rencontré, quelques semaines avant l’ouverture du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, dont il est l’un des écrivains invités.

De quelle façon la dimension autobiographique est-elle présente, ou non, dans votre œuvre romanesque ?
Pendant longtemps, j’ai revendiqué le fait que personne ne pourrait jamais m’accuser d’écrire des fictions qui soient, en réalité, de l’autobiographie plus ou moins déguisée. Il y a quelque chose, dans la démarche autobiographique, que je ressens presque comme de la tricherie. Où est l’imagination ? Où est la vraie création ? Comment se croire passionnant au point d’écrire sur soi ?

J’appartiens à une famille nombreuse – j’ai dix frères et sœurs –, et c’est une situation qui laisse peu de place à la tentation de l’autoglorification. Elle a enraciné en moi, dès mon plus jeune âge, le sentiment que je ne suis qu’un parmi les autres. De même, il m’est rarement arrivé de créer un personnage basé sur quelqu’un que je connais. Un personnage peut, bien sûr, présenter des traits de caractère empruntés à des personnes que j’ai rencontrées, mais certainement pas à une seule.

Christophe, le jésuite de Dans le grand cercle du monde, est inspiré par la vie réelle du ­jésuite français Jean de Brébeuf, mais seu­lement inspiré – si j’avais décidé de faire de Brébeuf le ­modèle de mon personnage, je me serais senti ligoté par le devoir de respecter la vérité historique, les détails biographiques, tout ce qui fait obstacle à l’écrivain de fiction.

Historiques ou contemporains, vos romans offrent une vision du colonialisme et de l’impérialisme, de leurs ravages qui perdurent jusqu’à nos jours…

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