Tribune collective : « Quand nous disons "je", c’est à nous tou-te-s que nous pensons »
19 Avril 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Islamophobie
Laurence Rossignol, Manuel Valls, Gilles Clavreul, Laurent Joffrin...ces dernières semaines ont été marquées par les déclarations outrancières de plusieurs responsables politiques et éditorialistes. Qu’elles insultent la mémoire des déportés de l’esclavage, le libre-arbitre des femmes voilées ou les pratiques militantes des antiracistes politiques, ces déclarations n’ont qu’un seul effet : renforcer les stigmates visant une partie de la population. Plusieurs acteurs associatifs ont ouhaité réagir à cette sombre actualité ; nous publions ici leur tribune.
Nous assistons avec un triste amusement à la déchéance de rationalité d’un État en roue libre. Et avec lui, les hérauts d’une élite désuète qui, face à la remise en cause de ses privilèges, est prête à faire brûler la maison France qu’elle dit tant aimer.
Comme chaque jour apporte son lot de nouvelles polémiques autour de l’islam et des musulmans, des Noirs et des Arabes, des migrants et des Roms, hier pas plus que demain ne déroge à la règle.
Douce France, cher pays en pleine souffrance, que nous réserves-tu aujourd’hui ? Quel foulard, quelle barbe, quelle couleur, quelle culture te posera problème ? Quel sujet naitra, sinon de ton ennui, du moins de tes errances ou stratégies racialistes ?
Sur nos écrans s’affichent les tensions du jour qui, dans nos rues comme dans nos institutions, dans nos écoles comme dans nos entreprises, portent leurs fruits amers, construisant et légitimant le rejet de l’autre, son exclusion. La violence des mots, souvent. La violence des gestes, aussi.
Et face à cela, un État coupable de lui-même, non plus uniquement de ses renoncements face aux racismes, mais également de ses discours et de ses actions ; une puissance publique qui, plutôt que d’apporter la rationalité de l’analyse, l’humanisme de l’écoute et la fraternité dans l’action, est incapable d’offrir un autre visage que celui du mépris.
L’antiracisme d’État n’est et ne sera pas la grande force issue de tous les secteurs et de tous les paysages de la société française, permettant à chacun-e de ne plus faire face à l’exclusion de part sa couleur de peau, son origine ou sa religion supposée. Au contraire, il aura été l’obstruction des institutions, empêchant les premiers intéressés d’accéder aux moyens politiques et institutionnels de changer positivement leur condition. Il aura été la domination d’une élite, produisant un discours vertical descendant, à l’attention des populations cibles du racisme que l’on aura voulu « civiliser » et « pacifier », sans jamais dépasser ses réflexes post-coloniaux. Il aura été 30 ans de retard, en donnant à voir l’illusion d’une France fraternelle, signalant sur le plan du marketing ce que nous avons été incapables de faire vivre dans le réel de l’action institutionnelle. Une France pourtant rescapée, sauvée au quotidien par l’expérience humaine de gens qui veulent tout simplement vivre ensemble, bien loin des outrances politiques de ceux qui nous gouvernent. Au Président de la République comme au Premier Ministre, au Délégué interministériel prétendument contre le racisme et l’antisémitisme comme aux polémistes qui les soutiennent, aux videurs de l’antiracisme patenté comme aux racistes de tout poil qui se sentent soudainement pousser les ailes d’un républicanisme jacobin, à cette infime minorité qui truste l’espace médiatique névrosé tout en poussant des cris d’orfraie à chaque fois qu’on contredit leurs certitudes, nous disons simplement :
Votre antiracisme est un racisme, puisqu’il revient à nous imposer la manière dont nous devrions vivre et les mots que nous devrions choisir pour nous exprimer, juste par notre différence.
Votre féminisme est un sexisme, puisqu’il aboutit à dicter aux femmes ce qu’elles devraient ou non porter, tout en confisquant la parole des premières intéressées.
Votre progressisme est une régression, puisqu’il valide le passage de nouvelles lois qui, en son nom, viennent restreindre toujours plus les droits et les libertés de chacun-e.
Votre liberté d’expression est une censure, puisque asymétrique, elle vous permet d’insulter les autres tout en leur interdisant de vous répondre.
Fuyez donc les miroirs, vous risqueriez de vous y voir.
lire la suite
Tribune collective : " Quand nous disons "je", c'est à nous tou-te-s que nous pensons (...)
Nous assistons avec un triste amusement à la déchéance de rationalité d'un État en roue libre. Et avec lui, les hérauts d'une élite désuète qui, face à la remise en cause de ses privilèg...
Partager cet article
Partager cet article
Suivez-moi
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
Catégories
- 786 Extrême-droite
- 688 Islamophobie
- 574 Étrangers et immigrés
- 371 Antisémitisme et négationnisme
- 370 Racisme
- 349 Police Justice
- 320 Palestine
- 308 Palestine Solidarité en France
- 299 Internet
- 294 Colonisation
- 265 Palestine BDS
- 246 Informations militantes
- 234 Israël et le sionisme
- 233 Palestine Colonisation occupation
- 216 MRAP
- 202 Front national
- 196 Proche et Moyen-Orient
- 174 Algérie (1830-1962)
- 170 MRAP expressions plurielles
- 164 "Gauche" décomplexée
- 159 Antiracisme politique
- 153 Palestine Gaza
- 145 Afrique
- 141 Repères antiracistes. Le Blog
- 126 Mouloud Aounit
- 121 Initiatives locales
- 118 Mémoire Seconde guerre mondiale
- 117 LDH Ligue des droits de l'homme
- 115 Politique française
- 112 Libertés
- 104 Amériques
- 104 Europe
- 100 Laïcité
- 100 Roms migrants
- 99 Questions internationales
- 95 Quartiers populaires
- 84 Société française
- 80 Palestine Prisonniers
- 80 Réfugiés et droit d'asile
- 79 Mouvements antiracistes
- 77 "Racisme anti-blanc"
- 74 Hommages
- 68 Maghreb
- 64 LICRA
- 64 Tsiganes et voyageurs
- 54 CRIF
- 53 FUIQP
- 51 Identitaires
- 48 Monde arabe
- 47 Macron et LREM
Commenter cet article