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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Synonymes inattendus par Jérôme Ferrari

15 Mars 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Antisémitisme et négationnisme, #Société française, #"Gauche" décomplexée

S’il est une réforme que Manuel Valls est en train de mener avec succès, c’est celle de la langue française. Il est particulièrement injuste que nul n’ait songé à l’en féliciter ; car, grâce à lui, notre lexique sera bientôt débarrassé des termes redondants qui l’encombrent inutilement. Nous y gagnerons certainement en clarté et, surtout, en simplicité. Ainsi, après nous avoir révélé que « comprendre » ou « expliquer » signifiait tout bonnement, et sans que personne ne s’en avise jusqu’ici, « excuser », voilà qu’il nous apprend qu’« antisémitisme » et « antisionisme », dont on pouvait croire naïvement qu’ils désignaient deux réalités différentes, sont en fait rigoureusement synonymes (1).

Sans préjuger des stupéfiantes découvertes que le premier ministre ne manquera pas de livrer à notre admiration dans les prochaines semaines, peut-être sur le sens du verbe « gouverner », en voilà déjà deux, considérables, qu’on peut d’ores et déjà porter à son crédit et qui méritent à coup sûr un commentaire.

Pour être franc, il est à mes yeux tout à fait mystérieux qu’on puisse sérieusement confondre « expliquer » et « excuser », quoique cette confusion ne cesse d’être faite et, qui plus est, revendiquée depuis les attentats de janvier 2015. Je crains qu’elle ne soit pas une erreur qu’on pourrait corriger (par exemple en consultant un dictionnaire) mais un symptôme, celui du règne hégémonique de l’émotion et qu’à ce titre elle résiste à toute tentative rationnelle de réfutation. Que le premier ministre la reprenne à son compte, en invalidant a priori tout travail universitaire, pire encore, en accusant implicitement les chercheurs en sciences sociales de complaisance envers les terroristes, cela, c’est une honte. J’éclairerai peut-être une distinction qui apparemment, malgré sa simplicité, lui échappe, en précisant que, si sa prise de position peut fort bien s’expliquer par des motifs bassement démagogiques, il n’y a là rien qui puisse l’excuser. Comme rien ne peut excuser que, au dîner du Crif, il ait publiquement assimilé critique d’Israël et antisémitisme.

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