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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Terrorisme: un rapport confidentiel-défense condamnait en 2013 le tout-sécuritaire

12 Janvier 2016 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Libertés, #Police Justice

Terrorisme: un rapport confidentiel-défense condamnait en 2013 le tout-sécuritaire

11 janvier 2016 | Par Fabrice Arfi et Matthieu Suc

« Nous sommes aujourd’hui face à un phénomène de fond auquel les dispositifs en place ne répondent qu’imparfaitement car ils ne prennent en compte qu’une partie de la réponse, uniquement sous l’angle de la répression. » Mediapart publie en intégralité un rapport du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN), rédigé en octobre 2013. Et toujours d'actualité.

Classifié « confidentiel défense », le texte ne semble pas avoir pris une ride deux ans après sa rédaction. Alors que le gouvernement s’est de nouveau engagé depuis les attentats de janvier, puis ceux de novembre 2015, dans une politique exclusivement sécuritaire (et sans contre-pouvoir véritable), Mediapart publie en intégralité un rapport du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN) sur la « prévention de la radicalisation ». Son contenu, qui tente d’analyser les ressorts de l’embrigadement terroriste et les moyens d’y répondre, tranche singulièrement avec le ton martial de l’époque, véhiculé par le Premier ministre Manuel Valls.

Dans un entretien accordé à la chaîne BFM TV, mercredi 6 janvier, Manuel Valls a en effet confirmé le virage tout-sécuritaire du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, en contradiction, par exemple, avec de récentes déclarations de son ministre de l’économie, Emmanuel Macron, pour qui une partie de la réponse doit aussi être sociétale et économique. « La réponse au terrorisme n'est pas économique, elle porte d'abord sur la sécurité. On ne combat pas le terrorisme avec l’économie. Je fais très attention à tout ce qui pourrait donner le sentiment qu'on cherche une excuse », a coupé net Manuel Valls. « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser », a répété, samedi 9 janvier, le chef du gouvernement lors d’une cérémonie d’hommage aux victimes de l’HyperCacher, donnant (une nouvelle fois) le sentiment de mélanger la compréhension d’un phénomène avec une forme d’indulgence.

Daté du 30 octobre 2013 et remis au Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault (PS), le rapport du SGDN permet pourtant d’appréhender la question avec un peu plus de complexité. Bien que rédigé à une époque où la France n’avait pas connu la vague d’attentats de 2015, mais avait dû endurer l’affaire Merah, le rapport fait un état des lieux d’une brûlante actualité et soumet des pistes de réflexion qui jalonnent encore aujourd’hui le débat public. C’est pourquoi Mediapart a décidé de publier en intégralité ce document, bien que classifié, dans la mesure où son contenu ne viole aucun secret susceptible de mettre en péril un quelconque intérêt fondamental.

Le rapport, dont de très rares extraits avaient fuité dans le quotiden La Croix, a été écrit par le directeur de la protection et de la sécurité de l’État au sein du SGDN, Yann Jounot, aujourd’hui préfet du département des Hauts-de-Seine. Énarque de formation, ancien chef de cabinet de Pierre Joxe au ministère de la défense (1991-93), l’homme est un spécialiste des questions de sécurité et des postes « secret défense ». Son constat est sans appel : le tout-sécuritaire serait voué à l’échec. « Nous sommes aujourd’hui face à un phénomène de fond auquel les dispositifs en place ne répondent qu’imparfaitement car ils ne prennent en compte qu’une partie de la réponse, uniquement sous l’angle de la répression […]. Il y a donc urgence à agir », peut-on lire dans le rapport.

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