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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Présentation des objectifs du FUIQP (Saïd Bouamama)

9 Août 2015 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #FUIQP, #Étrangers et immigrés, #Quartiers populaires

Présentation des objectifs du FUIQP

et des 5èmes Rencontres nationales des luttes des immigrations

Saïd Bouamama

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires est heureux de vous accueillir. Bienvenue à tous les camarades qui viennent de Marseille, Istres, Gardanne, Rennes, Nantes, Valence, Lille, Paris …

Que cette journée soit l’occasion de mieux faire connaissance mais surtout de confronter nos points de vue sur ce qu’ils ont de commun comme sur les divergences que nous pouvons avoir.

Je voudrais placer l’ensemble de ces 5èmes Rencontres nationales sous le patronage d’une personne et d’un événement.

  • La personne, c’est le camarade Youcef, un des participants de la Marche pour l’Egalité et contre le racisme de 1983 et qui, depuis, a tenu haut le flambeau de l’autonomie alors que d’autres cédaient au découragement voire même se prêtaient à l’instrumentalisation, lui, a continué à mettre en valeur et en pratique cette démarche d’autonomie. Il sera rejoint cet après-midi par un autre marcheur qui lui aussi apportera son témoignage.
  • Comme je l’ai dit précédemment ces Rencontres sont placées sous le patronage d’un événement, il s’agit pour nous de célébrer le 60ème anniversaire de la conférence de Bandoeng. Je rappellerai seulement qu’au cours de cette conférence les pays d’Asie nouvellement indépendants, et alors même que l’ensemble des puissances colonialistes et impérialistes espéraient qu’ils allaient se contenter de l’indépendance qu’ils venaient d’arracher, vont considérer que leur lutte n’est pas terminée tant que les pays d’Afrique n’auront pas obtenu à leur tour leur indépendance. Une démarche exemplaire de solidarité internationaliste qui va considérablement aider la lutte en Afrique et qui, quelques années plus tard, va s’élargir à l’Amérique latine.

A ce propos, j’en profite pour rappeler que l’année prochaine nous fêterons l’anniversaire de la création de la Tricontinentale qui a constitué un organe inédit de solidarité très concrète entre les peuples en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

Pour en revenir au présent, dans la séquence historique qui est la nôtre, je commencerai par une mise en garde. Il faut faire extrêmement attention à cette tendance, cette manière d’être que représente aujourd’hui la tendance au nihilisme. Face au rapport de force auquel nous sommes confrontés, et dans la phase que traverse la société française, face à la déferlante répressive, face à la montée de l’islamophobie et de la rromophobie, beaucoup baissent les bras au moment même où, bien au contraire, il faut s’organiser.

Si, dans cette phase d’attaque globale contre l’immigration et les quartiers populaires, nous ne sommes pas capables de nous organiser, il est plus que probable que ceux qui pensent que nous avons touché le fond, verront que l’on peut tomber encore plus profond. J’insiste donc sur cette donnée : l’organisation est une dimension importante et doit être une de nos priorités.

Ces journées nous n’avons pas voulu les organiser à la manière d’un grand colloque où l’on débat beaucoup mais d’où rien de concret ne voit le jour.

Au contraire, nous avons préféré faire le choix de la diversité des participants et privilégié l’échange contradictoire pour construire, parce que nous en avons impérativement besoin, une force qui soit capable de relier les différentes luttes, une force qui soit capable de les visibiliser au niveau national, et enfin une force qui soit en mesure de faire peur à ceux qui sont en face. C’est dire l’ampleur de la tâche qui nous attend !

Nous avons certes conscience que nous ne sommes qu’une petite organisation, qu’un petit réseau mais, nous avons la volonté, l’ambition, et c’est une nécessité historique, de nous organiser dans les quartiers populaires. Ce n’est que cette organisation-là qui nous permettra ensuite d’être une force d’interpellation : si, en préalable, nous ne leur tenons pas ce discours d’autonomie, nous ne pourrons passer d’alliances avec des mouvements démocratiques, politiques de la société française, incapables par eux-mêmes de remettre en cause ce que nous appelons les verrous de la pensée qui empêchent la prise en compte de l’immigration et des quartiers populaires.

Autant dire que cette journée est placée sous le signe du politique, une journée où il n’est pas question de répondre à l’agenda de ceux qui nous attaquent mais une journée où il nous faut élaborer notre pensée politique, car c’est bien à nous et avant tout à nous de définir notre propre agenda et nos propres priorités.

A l’adresse de tous ceux qui n’auraient pas compris ce message, nul besoin d’aller plus avant ensemble et il est dans la logique de nous séparer. A ceux qui restent, qu’ils restent avec la volonté de construire en respectant nos priorités et sans interférer dans nos choix.

Cette journée participe également d’un besoin fondamental pour les nouvelles générations de recevoir le message des générations antérieures de militants parce que, sans histoire et sans mémoire, nous sommes condamnés, nous nous condamnons, à recommencer sans cesse les mêmes erreurs, à tomber sans cesse dans les mêmes pièges et à déboucher sans cesse sur ce que certains considèrent comme des échecs oubliant par là même qu’il s’agit plutôt du résultat d’un rapport de force qui nous est défavorable. C’est en ce sens qu’à mon avis l’on ne peut parler d’échec de la dynamique autonome. On a eu à faire face à un véritable rouleau compresseur et il reste indispensable dans nos luttes radicales à venir de prendre en compte ce rapport de force et de l’analyser au mieux pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

Nous avons décidé que la journée d’aujourd’hui allait être consacrée à un certain nombre de thèmes que nous estimons prioritaires si nous voulons avancer.

Il n’y aura pas d’avenir pour l’immigration, ni pour les quartiers populaires si nous ne sommes pas capables de stopper la vague d’islamophobie qui déferle, si nous ne sommes pas capables d’arrêter ce qui est infligé à nos frères et nos sœurs rroms, -on a rarement vu une population aussi fortement stigmatisée, aussi violemment agressée.

Il n’y aura pas d’avenir si nous ne sommes pas capables de relier toutes nos luttes, c’est dire que si la journée d’aujourd’hui est consacrée à débattre de ces questions, nous ne pourrons pas néanmoins en rester là, et la matinée de demain sera consacrée aux conclusions que nous aurons à tirer au niveau organisationnel pour que, au-delà de toutes les villes représentées aujourd’hui, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires puisse passer un seuil qualitatif et devenir un réseau implanté dans suffisamment de villes pour peser sur le rapport de forces.

Et nous demanderons demain, à tous ceux qui ne sont pas des luttes de l’immigration et des quartiers populaires mais qui sincèrement s’intéressent à nos combats et veulent véritablement nous aider de se faire discrets, pour laisser aux premiers concernés le choix des décisions et la maîtrise de l’organisation qu’ils essaient de construire.□

Présentation des objectifs du FUIQP (Saïd Bouamama)

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