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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Libye : Pour un débat parlementaire sans langue de bois

7 Juillet 2011 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Libye, #Maghreb

 

printemps arabeDéclenchée le 19 mars, l’intervention en Libye contre le régime du colonel Kadhafi à laquelle participent les forces françaises ne devait durer que quelques jours.


Le débat au parlement prévu sur cette question aura lieu le 12 juillet, soit près de quatre mois après le début de l'intervention alors même que les interrogations essentielles tant sur la nature, que sur l’opportunité ou les motivations réelles de l’intervention auraient mérité une information et une consultation plus du Parlement.

 

Au niveau du droit international si la résolution 1973 du 17 mars 2011 du Conseil de sécurité décide « d’instaurer un régime d’exclusion aérienne afin de protéger les civils contre des attaques systématiques et généralisées » de l’armée de Kadhafi, il est évident que les forces de l’OTAN qui ont pris le relais de la coalition outrepassent de loin le mandat initial, ce qui a d’ailleurs amené dans un premier temps nombre de pays à se retirer de la coalition.

Les bombardements de l’OTAN, tout comme dernièrement les parachutages d’armes pour la rébellion opérés par les forces françaises rendent aujourd’hui l’opération illégale. Ni l’OTAN, ni la France ne sont mandatées par l’ONU pour avoir recours à la force armée et leur volonté affichée de se débarrasser du colonel Kadhafi va au-delà de la résolution. Ainsi une nouvelle fois est détournée une résolution de l’ONU ce qui fragilise toujours davantage une institution pourtant essentielle mais qui se trouve de plus en plus souvent instrumentalisée par les puissances occidentales, ce qui ne manque pas de porter préjudice à sa crédibilité déjà bien entamée par son inaction inexcusable concernant la Palestine.


La situation devient cocasse lorsque l’on sait que la CPI (Cour pénale internationale) mettant la Libye dans l’obligation d’appliquer le mandat d’arrêt contre Kadhafi a été saisie par le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’unanimité de ses membres –résolution adoptée le 26 février- … alors même que trois membres permanents de ce même Conseil de sécurité (Russie, Chine et … Etats-Unis) n’ont toujours pas ratifié le traité fondateur (Traité de Rome).

 

Revenir sur les motivations du président Sarkozy pour imposer une intervention en Libye –apparaître comme un grand chef militaire et redorer son blason- montre à quel point des décisions d’une extrême gravité peuvent être prises pour des motifs aussi futiles et ridicules, sans prendre en considération les conséquences pour les populations civiles soumises aux bombardements massifs et souvent aveugles qui ont déjà provoqué la mort d’un millier de civils (actuellement environ dix par jour) et qui en détruisant les infrastructures du pays ne font que rendre encore plus difficiles les conditions de vie de la population.

 

Pour l’heure, le programme du « gouvernement de Benghazi » reste très flou, ses intentions restent vagues et n’offrent guère plus de garanties démocratiques que le pouvoir qu’il combat.

La mission d’enquête du conseil des Droits de l’Homme de l’ONU qui s’est rendue en mai en Libye, si elle concluait à l’existence de « crimes contre l’humanité », de « crimes de guerre » perpétrés par Tripoli ne faisait pas moins état de  « crimes de guerre » opérés par les forces de Benghazi, accusations confirmées par Amnesty international et Human Rights Watch.

En outre, des massacres ont eu lieu à Benghazi contre les Noirs, qu’ils soient libyens ou travailleurs immigrés, mais tous assimilés à des mercenaires,. Pour Robert Charvin, doyen honoraire de la faculté de Droit de Nice Sophia Antipolis «  Ce racisme entraîne des lynchages, des pendaisons, des mutilations à la machette, qui relèvent du crime contre l'humanité ».


Aussi condamnables soient les crimes commis par le gouvernement de Benghazi , ils ne peuvent en aucune manière excuser ceux de Kadhafi. Il n’en demeure pas moins qu’ils doivent être dénoncés et, à juste titre, susciter de légitimes interrogations quant à la nature du régime de Benghazi.

 

A l’évidence l’OTAN n’entend pas arrêter ses bombardements et privilégier une solution négociée –le départ de Kadhafi étant considéré comme une condition préalable. Néanmoins pour des raisons de concorde et de préservation de vie commune, la poursuite des guerres civiles est une décision lourde de conséquences. Elle ne fait qu’augmenter la méfiance entre citoyens d’un même pays appelés à vivre ensemble dans une fraternité à retrouver. Les interventions armées ne peuvent se substituer durablement et efficacement aux efforts diplomatiques et aux solutions négociées.

Quant aux dangers toujours présents de partition d’un Etat à laquelle peut conduire cette intervention, ils ne peuvent être négligés. Une pareille solution menacerait l’unité, l’intégrité et la stabilité de biens des Etats, en Afrique particulièrement et serait la preuve d’un échec de la communauté internationale à garantir l’unité d’un pays et le vivre ensemble de ses populations.


Y.M. & A.V.

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