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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Lettre ouverte à Laurent Fabius (AFPS)

24 Juin 2014 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Colonisation occupation

Monsieur le Ministre,

AFPSJe dois vous faire part au nom de notre Asso­ciation de notre conster­nation et de notre inquiétude face à l’attitude de la France ces tout der­niers jours.

Dans l’affaire de la mys­té­rieuse dis­pa­rition le 12 juin de trois jeunes colons dans le secteur « hyper sécurisé » et sous total contrôle israélien du Gush Etzion, la France ne s’est pas net­tement démarquée de la position israé­lienne qui en fait porter sans état d’âme et sans preuve la res­pon­sa­bilité sur le Hamas et qui n’a de cesse depuis cette date de mul­ti­plier de bru­tales opé­ra­tions de ratissage.

Ces opé­ra­tions se sont tra­duites à ce jour par six assas­sinats déli­bérés et des cen­taines d’arrestations, cadres du Hamas (dont le pré­sident du Conseil légis­latif pales­tinien) ou res­pon­sables de la résis­tance popu­laire et défen­seurs des droits de l’Homme. Elles sont sys­té­ma­ti­quement accom­pa­gnées d’exactions à grande échelle à l’encontre des civils : saccage des locaux « per­qui­si­tionnés » et vol de matériel comme à l’université de Bir-​​Zeit, des­truction de mobilier, vols d’objets per­sonnels… Ces opé­ra­tions, d’une ampleur jamais atteinte depuis 2002 en Cis­jor­danie, qui s’accompagnent de bom­bar­de­ments sur Gaza et du bou­clage de toute la Cis­jor­danie, avec para­chutage de troupes autour des villes, sont plus qu’une gigan­tesque punition col­lective. Elles relèvent d’une volonté de dévas­tation de la société pales­ti­nienne dont il est facile d’entrevoir les consé­quences dra­ma­tiques à terme.

Elles ont clai­rement pour objectif poli­tique immédiat la mise à mort du pro­cessus d’entente nationale pales­ti­nienne dont la France s’était félicitée.

Or tout se passe comme si une partie de la com­mu­nauté inter­na­tionale téta­nisée, et en tout cas la France, donnait son feu vert aux auto­rités israé­liennes pour un tel objectif. De même, il est grave que la France détourne son regard de la situation dra­ma­tique des détenus admi­nis­tratifs gré­vistes de la faim et semble avoir renoncé à toute inter­vention en leur faveur. Elle doit au contraire dénoncer le recours à la détention admi­nis­trative, pra­tique érigée en système par les auto­rités israé­liennes qui viole le droit huma­ni­taire et apparaît comme le symbole même de l’arbitraire.

C’est pré­ci­sément dans ce contexte que le groupe des pays occi­dentaux a cru devoir pré­senter une can­di­dature israé­lienne à la vice-​​présidence de la com­mission en charge de la déco­lo­ni­sation à l’AG de l’Onu. Cette can­di­dature a été jus­tement res­sentie que comme une pro­vo­cation par les tenants du droit inter­na­tional et nous apparaît en com­plète contra­diction avec les posi­tions constamment réaf­firmées de la France de condam­nation de la colo­ni­sation par Israël des ter­ri­toires conquis en 1967. Elle ne peut que conforter le gou­ver­nement israélien dans un jusqu’au-boutisme expan­sion­niste émi­nemment dan­gereux. Ce posi­tion­nement de la France est incom­pré­hen­sible et dan­gereux alors qu’elle avait salué le pro­cessus d’entente nationale et que monte aujourd’hui la déses­pé­rance d’un peuple humilié comme jamais. La France ne doit pas cau­tionner un jour de plus cette opé­ration militaro-​​politique des­truc­trice et mys­ti­fi­ca­trice qui menace de ruiner pour long­temps tous les efforts de paix et d’ajouter au chaos régional grandissant.

Au nom même de son atta­chement au droit qui lui fait condamner la colo­ni­sation israé­lienne, le gou­ver­nement français doit exercer sur son homo­logue israélien des pres­sions à la mesure de la gravité de la situation pour qu’il cesse cet achar­nement contre le peuple pales­tinien et se conforme enfin au droit huma­ni­taire et inter­na­tional. Il doit appuyer la démarche pales­ti­nienne de saisie du Conseil de sécurité pour arrêter un engrenage mortifère.

C’est ce que je vous demande aujourd’hui avec gravité. Je vous prie de croire, Mon­sieur le Ministre, en ma pro­fonde considération.

Publiée par le journal L’Humanité le 24 juin 2014

 

Taoufiq Tahani, mardi 24 juin 2014

Site de l'AFPS

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