Julien Salingue : « La solidarité avec la Palestine n’a rien à voir avec l’antisémitisme »
20 Décembre 2014 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Palestine Solidarité en France, #Antisémitisme et négationnisme
Le Comptoir : Les députés ont voté le mardi 2 décembre dernier la reconnaissance française de l’État palestinien. Qu’en pensez-vous ?
Julien Salingue : Précisons que les députés viennent de voter qu’ils « invitaient » le gouvernement à reconnaître l’État palestinien, ce qui n’est pas une petite nuance. C’est-à-dire que c’est une invitation qui n’a pour le moment aucun effet concret et qui, en réalité, n’en aura pas. Le gouvernement ne reconnaîtra pas l’État palestinien, car ce n’est pas la stratégie actuelle de la diplomatie française qui dit qu’il faut plutôt relancer les négociations et ne pas froisser l’État d’Israël. Alors pourquoi ce vote et pourquoi maintenant ? Je pense qu’il y a de plus en plus de gens, y compris parmi les députés socialistes, qui prennent conscience, notamment depuis cet été, que beaucoup de Français sont sensibles à la question palestinienne, notamment dans leur électorat ou ex-électorat. Ils se sont donc dit qu’il était peut-être temps de faire un geste, aussi symbolique soit-il, en direction de cet électorat qu’ils ont peur de perdre. La seconde chose, c’est que c’est un mouvement européen : plusieurs responsables politiques de l’Union européenne sont, je pense, assez excédés par l’État d’Israël, y compris par son attitude vis-à-vis des pays européens. C’est symbolique, or c’est une manière de dire aux responsables israéliens que tout n’est pas permis. Concrètement, cela ne débouchera sur rien et ne changera pas la situation là-bas, il ne faut pas se faire d’illusion.
Et quels intérêts la reconnaissance de l’État palestinien pourrait représenter pour le gouvernement français et pour sa diplomatie ?
Le seul intérêt que pourrait avoir le gouvernement français, ça serait de redorer son image dans le monde arabe. Celle-ci est depuis pas mal d’années, notamment avec la présidence Sarkozy, largement écornée, et encore plus depuis cet été avec les déclarations de l’Élysée au début des bombardements sur Gaza. Ça serait l’occasion de renouer avec ce mythe d’une diplomatie française autonome, notamment vis-à-vis des États-Unis, et parfois critique d’Israël.
Tradition chez les présidents français qui remonte à De Gaulle et va jusqu’à Chirac…
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