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Repères contre le racisme, pour la diversité et la solidarité internationale

Boubacar Diop: «L'exception française, c'est ce refus de décoloniser»

22 Janvier 2014 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Afrique, #Colonisation

Co-auteur avec Aminata Traoré de La Gloire des imposteurs, l'écrivain sénégalais évoque les liens néfastes de la France avec ses anciennes colonies à l'heure des interventions au Mali et en Centrafrique. « La France devrait se livrer à un honnête examen de conscience au lieu de continuer à prendre le monde à témoin de sa générosité et de sa grandeur d’âme en Afrique », dit-il.


 

gloire-des-imposteurs.jpgC’est un petit livre de correspondance à l’ancienne, des mails échangés au gré des mois pendant deux ans entre deux intellectuels africains : la Malienne Aminata Traoré, essayiste, altermondialiste et ancienne ministre de la culture de son pays, et le Sénégalais Boubacar Boris Diop, romancier et journaliste. Entamés début 2012, leurs échanges se trouvent vite accaparés par la conquête du nord du Mali par les djihadistes, puis par l’intervention française. Mais les mails que s’envoient ces deux écrivains, rassemblés dans un livre qui vient de paraître, La Gloire des imposteurs (Éditions Philippe Rey), concernent également une multitude d’autres sujets liés à l’Afrique, leur continent de naissance et celui où ils ont choisi de vivre : une Afrique, principalement sa partie francophone, qu’ils aimeraient voir libérée des chaînes pesantes du néo-colonialisme, débarrassée des autocrates et dépeceurs en tous genres, et traçant sa propre route dans le XXIe siècle.

Nous avons profité du passage à Paris de Boubacar Boris Diop pour l’interroger sur les différents fils de réflexion qui traversent son ouvrage et qu’il n’est pas incongru de relier à l’actuelle opération française en Centrafrique.

Votre livre de correspondance avec Aminata Traoré est marqué par l’intervention française au Mali. Depuis, il y a eu une nouvelle opération hexagonale en Centrafrique, qui est la cinquantième depuis les indépendances. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Boubacar Boris Diop. Le compte est vite fait : une intervention militaire par an pendant un demi-siècle. C’est une situation unique : la Grande-Bretagne n’a jamais monté une opération dans son ex-empire colonial sous prétexte de sauver tel ou tel pays de ses démons. On peut en dire de même du Portugal et de la Belgique. Toutes ces anciennes puissances européennes ont compris que le fait colonial a une fin et qu’il faut savoir en prendre acte. Cette exception française, le refus de décoloniser, devrait inciter les Français à se demander : « Pourquoi sommes-nous les seuls à agir de la sorte ? » Complice des génocidaires du Rwanda, la France devrait se livrer à un honnête examen de conscience au lieu de continuer à prendre le monde à témoin de sa générosité et de sa grandeur d’âme en Afrique.

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