Peut-on parler des juifs du monde arabe sans normaliser les relations avec Israël ? (Sarra Grira)
13 Mai 2020 , Rédigé par Repères anti-racistes Publié dans #Proche et Moyen-Orient, #Israël et le sionisme
La série « Oum Haroun » · Le ramadan dans le monde arabe est synonyme d’une grande offre en matière de séries. Cette année, l’une d’entre elles, intitulée Oum Haroun (la mère d’Aron), fait particulièrement polémique. En revenant à l’époque où des communautés juives vivaient encore dans les pays du Golfe, les auteurs de la série se sont vu accuser de pousser vers une normalisation des relations avec Israël.
« Mazeltov ! », s’exclame Daoud (David en arabe), le rabbin du quartier, à l’adresse d’Abou Saïd qui vient de marier sa fille. Nous sommes en 1948, dans un quartier d’un pays du Golfe1, où cohabitent musulmans, chrétiens et juifs. À quelques heures de la naissance officielle de l’État d’Israël, les habitants semblent vivre dans une ambiance un peu trop irénique malgré quelques préjugés qui subsistent ici et là, et les trois communautés se réunissent et se serrent les coudes, dans les bons comme dans les mauvais jours.
Mais c’est surtout la communauté juive qui est au cœur de cette fiction, dont un monologue d’introduction définit l’objectif : raconter l’histoire des juifs du Golfe « avant qu’elle ne sombre dans l’oubli ». Une histoire écrite et réalisée par deux frères bahreïnis, Mohamed et Ali Shams, tournée aux Émirats arabes unis et portée par des acteurs koweïtiens pour la plupart, dont la star locale Hayat Al-Fahd. Également coproductrice, cette dernière incarne le personnage principal d’Oum Haroun, une juive convertie à l’islam par amour pour son défunt mari.
Polémique précoce et appels au boycott
La série était attendue avec beaucoup d’appréhension et avait commencé à faire couler de l’encre avant même le début de sa diffusion, provoquant de prime abord des appels au boycott au Koweït (qui en censurera en effet la diffusion), par crainte que la série ne provoque l’empathie du spectateur à l’égard des juifs qui ont choisi de partir en Palestine après la création de l’État d’Israël.
Aux premiers jours de la diffusion de la fiction, les réseaux s’enflamment, et « Oum Haroun » devient « Oum Sharoun » (la mère de Sharon, en référence à l’ancien premier ministre israélien). La presse arabe se fait à son tour l’écho de la polémique. La série est ainsi accusée d’« humaniser les bourreaux » et d’utiliser la fiction afin d’ « inciter à la normalisation [des relations avec Israël] ». Une position relayée par le compte Twitter « Saoudiens contre la normalisation », qui est suivi par plus de 60 000 abonnés, ou par l’Association des jeunes démocrates du Bahreïn, qui a organisé le 9 mai une visioconférence sur le thème de « la normalisation [des relations] avec l’ennemi sioniste dans le Golfe ».
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